Statistiques sur l’expérimentation animale: toujours trop d’animaux utilisés

Comme chaque année, et avec un an de retard, le ministère de la Recherche publie les statistiques sur l’utilisation des animaux en expérimentation. Depuis le mois de mai, les statistiques de 2018 sont disponibles. On découvre que 1 910 519 animaux ont été utilisés cette année-là, soit une baisse de 0,2 % par rapport à 2017, similaire à la baisse entre 2016 et 2017. Si l’on se réjouit que le nombre d’animaux n’augmente pas et qu’il diminue même très légèrement, à ce rythme-là, on n’est pas près de se passer des animaux pour la recherche et l’enseignement.

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En 2018, les animaux les plus utilisés sont par ordre décroissant :

  • Les souris : 1 192 500 (soit 62 % du total d’animaux) ;
  • Les poissons (toutes espèces confondues) : 256 900 (22 %)
  • Les rats : 159 800 (8 %)
  • Les lapins : 131 600 (7 %)
  • Les poulets : 46 000 (2 %)
  • Les cochons d’Inde : 41 700 (2 %)

Par rapport à 2017, on constate une diminution du nombre d’animaux utilisés chez les catégories poissons (-11 %), rats (-13 %), et cochons d’Inde (-7 %). Le nombre de primates, qui ne cessait d’augmenter, est cette fois en baisse de 6 % avec 3 510 individus utilisés en 2018.

En revanche, les chiffres sont à la hausse en ce qui concerne les souris (+5 %), les lapins (+3 %) et les poulets (+ 7 %). Le nombre de chiens utilisés a aussi augmenté de 3 % avec 4 219 animaux ayant subi une procédure expérimentale. La hausse est importante concernant les chats : +36 %, portant le nombre de Felis catus utilisés à 1 185.

D’autres espèces ont vu leur nombre d’individus utilisés en expérimentation augmenter : les céphalopodes totalisent 219 spécimens, alors qu’un seul avait été recensé en 2017, le nombre d’équidés a augmenté de 58 %, pour les porcs 45 %, les reptiles 39 % et les amphibiens 74 %.

Les procédures expérimentales sont classées de « légère » à « sans réveil », en passant par « modérées » et « sévères ». En 2018, 43 % des animaux ont été utilisés dans des procédures modérées, 32 % dans des procédures légères, 19 % dans des procédures sévères et 6 % n’ont pas repris conscience après la procédure. 2 % des animaux ont été utilisés dans au moins 2 procédures expérimentales.

Concernant les domaines d’utilisation, on retrouve :

  • la recherche fondamentale pour 36 % des animaux ;
  • les recherches appliquées sur les pathologies humaines, animales ou végétales, ou sur le bien-être des animaux pour 28 % ;
  • les études toxicologiques ou réglementaires pour des médicaments à usage humain ou vétérinaire et pour des produits alimentaires pour 27 % ;
  • le maintien de colonies d’animaux génétiquement modifiés pour 4 % ;
  • l’enseignement supérieur ou la formation professionnelle pour 2 % ;
  • et la recherche sur la conservation des espèces pour 2 %.

L’enseignement supérieur et la formation professionnelle continue à utiliser de plus en plus d’animaux, avec une hausse de 17 % par rapport à 2017 et de 21 % par rapport à 2016 (soit 41 500 animaux utilisés).

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Enfin, on rappelle que ces statistiques ne portent que sur les animaux couverts par la réglementation sur la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques, à savoir les vertébrés et les céphalopodes. Ainsi, de nombreux invertébrés sont également utilisés pour la recherche, comme la mouche drosophile ou le ver nématode. De plus, ces statistiques n’incluent pas les animaux élevés pour la recherche mais qui n’ont pas été utilisés (ceux servant à produire des animaux pour l’expérimentation et ceux euthanasiés pour prélever leurs tissus ou organes).

Nikita Bachelard

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