L’Assemblée des ONG de protection animale

« L’animal politique » a été le thème du colloque tenu le 2 juin 2016 à l’Assemblée nationale en présence de Mmes les députées Abeille et Gaillard et de 27 organisations de protection animale dont la LFDA. Facilement ignorée des politiques, la voix des ONG de protection animale a du mal à se faire entendre. Elle relaie pourtant un véritable intérêt sociétal qui ne cesse de grandir. Surfant un peu sur la vague de cet intérêt croissant pour la cause animale, ce colloque a permis de s’interroger sur les raisons justifiant la prise au sérieux du sujet, et la façon de faire passer le message aux politiques et pouvoirs publiques, qui sont les plus à même de faire évoluer les normes qui protègent les animaux.

Ouvert par une intervention passionnante du chercheur Pierre Jouventin, connu notamment pour ses travaux sur la communication vocale des manchots, le colloque a permis de rappeler comment la science est sortie du simple cartésianisme (« l’animal-machine ») pour entrer dans l’ère de l’éthologie avec l’étude de la richesse des comportements des animaux et de leur cognition. Concernant le reste de la journée, si l’on a pu regretter chez certains une dérive vers l’apologie du végétarisme et du véganisme (ce n’était ni le sujet, ni le public, déjà largement converti), cela a permis de rappeler que les ONG ne souhaitent pas toutes porter ce message, quelles que soient les convictions personnelles de leurs membres sur le sujet. C’est en effet un message clivant, qui ferme plus de portes qu’il n’en ouvre, en tout cas aujourd’hui et en politique. N’oublions pas la puissance du lobby parlementaire des chasseurs*, pour qui les végétariens semblent être de dangereux extra-terrestres extrémistes…

Nous saluerons en particulier les interventions très constructives de Hélène Thouy, avocate et co-fondatrice de l’association Animal Justice et Droit (qui assiste certaines ONG lors de procédures judiciaires), venue parler du statut des lanceurs d’alerte, et Melvin Josse, doctorant en sciences politiques, qui a exposé très clairement les enjeux complexes liés à la prise en compte politique de la question animale, et qui a rappelé qu’une mobilisation politique est possible si l’on arrive à s’exprimer d’une voix unie. Quelle que soit la diversité de leurs opinions, les ONG sont d’accord sur une multitude de sujets. C’est sur ces points communs et rassembleurs qu’il nous faudra nous concentrer.

Le prochain rendez-vous est à l’automne, avec la publication prévue d’un manifeste à l’intention des futurs candidats à la présidentielle et aux législatives. Le manifeste, auquel nous participerons tous, devrait comporter les principales revendications des ONG, sur lesquelles nous espérons que les femmes et hommes politiques en campagne prendront la peine de s’exprimer.

Sophie Hild

* Plus de 200 parlementaires sur 925 font partie des groupes « chasse » à l’Assemblée et au Sénat, soit plus de 1 sur 5, pour une activité qui touche moins de 1 français sur 60.

http://www2.assemblee-nationale.fr/instances/tableau/OMC_PO689000

https://www.senat.fr/groupe-etude/etu_907.html

Article publié dans le numéro 90 de la revue Droit Animal, Éthique & Sciences.

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