Dauphins et orques : dans l’enfer des piscines

Les piscines à dauphins et à orques garantissent-t-elles des conditions minimales de bien-être aux animaux ? L’arrêt de l’exploitation des cétacés sous toutes leurs formes est-elle envisageable en France, en Europe ou aux États-Unis ? La réponse à ces questions est malheureusement la même : non !

Entre captivité et liberté : un choix simple qui devrait s’imposer !

Les dauphins Susie, Kathy, Putty, Scotty, Squirt et Clown dans la série américaine et les films Flipper le dauphin (1964 et 1996), les orques Keiko dans les films Sauvez Willy (1994) et Tilikum dans le film documentaire Blackfish : l’orque tueuse (2012)de Gabriela Cowperthwaite (1), voilà l’identité de quelques cétacés stars, érigés tantôt en héros de films d’aventure, tantôt en victimes, en ambassadeurs de milliers de cétacés détenus dans les delphinariums, exhibés lors de spectacles mais surtout victimes des conditions de captivité dans lesquelles l’Homme, pour des questions de profit, les a enfermés et condamnés.

Ces piscines à dauphins et à orques garantissent-t-elles des conditions minimales de bien-être aux animaux ? L’arrêt de l’exploitation des cétacés sous toutes leurs formes est-elle envisageable en France, en Europe ou aux États-Unis ? La réponse à ces questions est malheureusement la même : non !

Requiem pour un cétacé captif 

Les connaissances acquises depuis plus de 50 ans en Europe sur ces animaux en captivité et les connaissances acquises depuis bien plus longtemps par l’observation et l’étude des cétacés à l’état sauvage démontrent à plus d’un titre que la captivité des orques et grands dauphins leur nuit gravement, non seulement au regard des besoins biologiques et physiques de l’animal mais aussi au regard de ses besoins sociaux et étho-écologiques. L’actualité des derniers mois a renforcé la démontration.

Parler de bien-être et de conservation comme l’avancent les delphinariums est non seulement un mensonge servi aux millions de visiteurs annuels de ces parcs, mais c’est surtout une insulte faite aux tristes représentants des espèces Tursiops truncatus (grand dauphin) et Orcinus Orca pourtant « cajolés, exhibés et aimés par leurs équipes de soigneurs attitrés ».

Pas plus de 5,2 années pour le Parc Astérix (2), 4 années pour SeaWorld de San Antonio (États-Unis), voilà l’espérance de vie moyenne des grands dauphins au sein de ces deux parcs, alors qu’à l’état sauvage l’espérance de vie des dauphins sauvages est de 40 à 45 ans pour les mâles, plus de 50 ans pour les femelles… Au regard de ces chiffres stupéfiants, l’argument avancé par les delphinariums selon lequel « l’espérance de vie du grand dauphin en milieu naturel est bien inférieure à l’espérance de vie moyenne d’un dauphin hébergé en bassin » est balayé. Saluons cependant le travail des équipes du Marineland Dolphin Adventure en Floride qui fait exception à la règle, avec Nellie, un dauphin capturé à l’état sauvage et qui a survécu à la captivité jusqu’à l’âge de 61 ans. Malgré ce cas exceptionnel, les cétacés capturés en mer pour les besoins des delphinariums montrent une espérance de vie plus courte que celle des cétacés nés en captivité, et plus courte que celle de leurs congénères sauvages.

Les delphinariums sont à l’évidence des mouroirs.

« Favoriser la diversité génétique des animaux », voilà également un vœu pieu fait par les delphinariums, impossible à réaliser d’un point de vue statistique, comme nous allons le voir. En Europe, depuis 1997, le règlement (CE) n ° 338/97 interdit la capture et l’importation des orques et des dauphins à des fins principalement commerciales. Même si des doutes quant à l’origine de quelque 285 cétacés répertoriés dans les registres commerciaux européens, la population captive de grands dauphins et d’orques est limitée génétiquement en Europe. Pour le grand dauphin européen captif, la population se compose à 66 % de femelles ; le sex ratio de l’espèce étant de 1,1 (soit 11 femelles nées pour 10 mâles), les risques de consanguinité ne peuvent qu’augmenter en captivité. Quid de l’importation de sperme d’animaux pour pallier ce manque de diversité génétique ? Cela est bien difficile voire impossible de le savoir, les delphinariums rendant ces informations confidentielles. Quid de la qualité du patrimoine génétique utilisé ? On attend de voir, par exemple, ce que donneront les descendants de Tilikum, la majorité des jeunes orques issus d’inséminations artificielles aux États-Unis descendant aujourd’hui de cet orque tristement célèbre. Rappelons que Tilikum est connu pour être « responsable » de la mort de 3 personnes depuis sa capture en 1981 : ne pas prendre en compte cet élément comportemental est irresponsable. Quid surtout de la prétendue nécessité de conserver ces populations captives, alors même que les populations sauvages ne sont pas encore des espèces en danger (3)?

Les delphinariums sont donc des mouroirs, et qui plus est stériles

Les piscines à orques et à dauphins sont bien loin de répondre aux besoins et aux capacités physiques des animaux : ce n’est pas surprenant.

– Tandis qu’une orque sauvage parcourt en moyenne 160 km par jour, dans le seul parc à détenir des orques en France, le Marineland d’Antibes, la longueur du bassin principal, du bassin de spectacle mesure 64 m (4) ; pour égaler l’orque sauvage en termes de distance journalière parcourue , l’orque captive devrait faire plus de 1 000 tours de bassin : de quoi se sentir comme un poisson rouge dans un bocal !

– Tandis qu’une orque sauvage dispose en moyenne d’un territoire de 810 km², plonge jusqu’à 60 m de profondeur, et que le volume dans lequel elle évolue avoisine les 240 km3 d’eau, au Marineland d’Antibes, l’orque captif dispose d’un volume de 44 000 m3 d’eau soit 44 millionièmes de km3 d’eau pour nager. Ainsi, en captivité l’animal dispose de moins de 1 % du volume dont dispose l’animal sauvage (0,0000000018 % pour être exact), de quoi remettre en question l’argument publicitaire du Marineland d’Antibes qui se définit pourtant comme « le plus grand parc animalier marin de France et d’Europe » (4).

Les delphinariums sont donc des mouroirs stériles mais aussi des prisons

Dauphins et orques sont des mammifères marins intelligents, sensibles, conscients d’eux-mêmes (comme le révèle le test de Gallup, dit test du miroir), et surtout des animaux dépendants des liens sociaux que tissent le groupe et la famille. À l’état sauvage, les groupes de dauphins se composent de 2 à 40 individus, 3 à 40 individus pour les orques subdivisés en groupes de tailles variables : des hordes, pods (nom donné aux groupes de cétacés) aux groupes maternels. Les spectaculaires capacités des orques à se coordonner pour chasser, l’extraordinaire technique des dauphins consistant à isoler des bancs de poissons, reposent sur un système d’écholocalisation et sur un dialecte propre à chaque groupe social. Au sein des delphinariums, la mise en place d’une hiérarchie et les interactions entre les animaux sont artificielles, du fait de l’origine et du nombre d’animaux ; tout comme l’environnement sonore (sifflet du dresseur, musiques de spectacle et feux d’artifices) auquel l’animal est soumis lors de son spectacle hebdomadaire voire journalier. Enfermer et dresser ces animaux sous couvert d’études scientifiques, cela vaut-il vraiment le coup ? Les études scientifiques réalisées sur ces animaux en captivité, notamment celles faites sur les sons émis par l’animal, nous apprennent des choses sur l’animal captif mais qui ne sont pas transposables à l’animal sauvage. De ce fait, peuvent-t-elles encore justifier la captivité de ces animaux ?

Mais il y a plus problématique : le paradoxe de l’isolement ! Du fait de la capture d’animaux issus de familles différentes, ayant des dialectes différents, les cétacés captifs gardent leur capacité à communiquer mais n’ont pas toujours celle d’être compris. Ils sont donc isolés pour une partie d’entre eux. Alors qu’en cas de conflit ou selon sa place et son rôle dans le groupe, l’animal libre lui peut s’isoler voire quitter le groupe, cela est matériellement impossible dans les piscines à orques et à dauphins. Non seulement source de stress, de tension voire de conflit entre les individus captifs, la captivité est en résumé une source de mal-être pouvant mettre la santé de l’animal en danger. Et en cas de blessures, quoi de mieux pour traiter l’animal que de l’isoler cette fois physiquement du reste de ses congénères. C’est le cas pour l’orque Tilikum, victime à plusieurs reprises, dans des parcs différents, de l’agressivité d’autres animaux avec lesquels il était détenu. Il est aujourd’hui isolé, souffrant seul d’une pneumonie dont son vétérinaire dit qu’elle lui sera fatale.

Les delphinariums sont donc des mouroirs stériles, et des prisons sources d’isolement

 Le grand dauphin dispose d’un territoire constitué de différents écosystèmes : des zones de chasse, de repos et de jeu, ayant des compositions chimiques et biologiques variables, des courants et des biotopes propres. Son congénère captif vit dans des bassins interconnectés, ouverts et fermés selon les besoins des spectacles, des entrainements et des isolements de ses congénères. De plus, la composition chimique et biologique de ces piscines est toujours la même : toxique car artificielle. Pour rester limpide et afin d’éviter le développement de bactéries et d’algues, l’eau des bassins est chlorée comme dans la plupart des piscines construites par l’Homme. Le chlore, même s’il est présent à faible dose, provoque chez certains animaux, du fait de longues années de captivité, des lésions cutanées et des problèmes oculaires non observés chez l’animal libre (6). Enfin, au regard des besoins éco-éthologiques connus chez les animaux sauvages, peut-on considérer les cerceaux et les ballons utilisés lors des spectacles comme des enrichissements du milieu de vie ? Plus grave encore, la captivité étant difficile à vivre psychiquement, la plupart des animaux sont drogués afin de limiter leur agressivité et de  diminuer leur stress. Ainsi, ils reçoivent dans leur alimentation, des quantités importantes d’anxiolytiques, d’antidouleurs et d’antidépresseurs (type Valium et Xanax).

Les delphinariums sont donc des mouroirs stériles, des prisons isolantes et des piscines toxiques.

Ainsi au regard de ces quelques exemples, en prenant en compte et en comparant l’ensemble des données disponibles sur ces animaux, captifs comme libres, la justification du maintien en captivité des orques et grands dauphins ne tient pas, ne tient plus. Les delphinariums, en plus d’être des mouroirs stériles, des prisons isolantes et des piscines toxiques par les conditions de vie qu’ils proposent aux animaux et au regard de leurs besoins, ne sont au final que des entreprises commerciales, des cirques… bref une véritable industrie du spectacle !

Les dessous de cette industrie du spectacle

Devant tant d’arguments scientifiques, tant de dénonciations médiatiques, quelles décisions politiques sont prises par les pays hébergeant sur leur territoire des delphinariums ? Quelles décisions sont prises par les delphinariums eux-mêmes ? Doit-on s’attendre à voir le nombre de delphinariums et de leurs pensionnaires augmenter en France, au sein de l’Union européenne ou encore aux États-Unis ?

Le premier delphinarium, le Marine Studios Delphinarium en Floride, a ouvert ses portes en 1938. La voie ouverte, le nombre de delphinariums s’est fortement développé dès lors, avec, en 1963, la sortie du film Flipper le dauphin. Le premier établissement européen a ouvert ses portes en 1966. En 2011, l’effectif total se composait de 34 établissements habités par quelque 258 grands dauphins, 13 marsouins communs et 11 orques, le tout réparti dans 14 États membres (7). La France compte à ce jour 3 parcs sur son territoire métropolitain présentant tous au public à l’occasion de spectacles quelques 25 grands dauphins auxquelles s’ajoutent 4 orques du Marineland d’Antibes. Le film Blackfish vu par quelques 21 millions de personnes a, dès sa sortie en octobre 2013, été décrié sur le fond comme sur la forme par le géant SeaWorld, propriétaire de la majorité des delphinariums « Made in USA ». Blackfish aurait tout de même fait perdre plus de 15 millions d’euros de chiffre d’affaire à ce géant de l’industrie du spectacle. Seaworld, en contre-offensive, fait le choix en août 2014 d’annoncer l’agrandissement de ses bassins. Ainsi est né le projet Blue World (8). En novembre 2015, son PDG annonce la modification des spectacles d’ici à 2017, le tout afin de répondre aux nouvelles attentes, nous dit-on, des quelque 10 millions de visiteurs annuels. Alors même que la vague Blackfish fait encore écho dans l’oreille du géant américain, la question du devenir du protagoniste principal, Tilikum, n’est pas tranché et se teinte encore d’un peu plus de noir. Alors que l’orque Keiko, star du film Sauvez Willy, avait fait l’objet de la seule tentative de réintroduction d’une orque, le géant Seaworld propriétaire de Tilikum, le plus gros mâle détenu en captivité, semble refuser de lui accorder une fin de vie hors des bassins ; l’animal est atteint d’une infection pulmonaire d’origine bactérienne mettant son pronostic vital en jeu et remettant son intérêt économique en question.

Dauphins et orques sont présentés, selon les pics de fréquentation du parc, une ou plusieurs fois par jour, et ce quelquefois plusieurs jours par semaine. Ainsi, les journées de travail de ces animaux de cirque, même si elles se suivent et ne se ressemblent pas, peuvent totaliser plusieurs spectacles, parfois 2 à 3 par jour et jusqu’à 6 jours consécutifs par semaine, selon les périodes d’affluence du parc. Au rythme des spectacles s’ajoute celui des entraînements, mentionnés comme des moyens d’occuper l’animal, le distraire ou l’étudier. Cette industrie du spectacle, afin d’augmenter toujours plus son chiffre d’affaire annuel, propose quasi-systématiquement au visiteur un panel plus large d’activités avec les cétacés captifs. Ainsi, il y a quelques années, il était possible de dîner en terrasse à proximité des orques captives. Même si pour des raisons de sécurité, dîner à proximité du bassin des orques n’est plus proposé par le Marineland d’Antibes, le parc et ses concurrents proposent toujours des séances photos et des rencontres avec l’animal. Selon l’envie et le budget du visiteur, il peut être pris en photo, moyennant 172 € par personne, devant une orque venant s’échouer sur son bord de bassin, alors même que cela provoque des douleurs pour l’animal chez qui les poumons sont comprimés lors de ce mouvement d’acrobatie. Le visiteur peut, moyennant 70 € la demi-heure, enfiler une combinaison et entrer dans l’eau avec les grands dauphins. Même si ces rencontres sont le moyen de sensibiliser le public à la biologie de l’animal, inciter à sa conservation (qui, on l’a vu, n’est pas encore justifiée), il n’en reste pas moins que la mise en contact de l’Homme avec l’animal permet aux établissements proposant ce panel d’activité, malgré les risques sanitaires et sécuritaires que cela pose, d’engranger encore plus d’argent. Force est de constater que malheureusement un faible pourcentage du chiffre d’affaire est utilisé à des fins de sensibilisation et est véritablement investi dans des programmes de conservation, des démarches pourtant éthiquement attendues de parcs qui se revendiquent montrant les beautés de la richesse marine…

L’utilisation du grand dauphin ne s’arrête cependant pas là

De par le monde se développent des centres de delphinothérapie où l’animal n’est plus présenté cette fois comme un clown mais comme un outil pour un mieux-être (médiation animale) ou comme un moyen de détecter certaines maladies, grâce apparemment à son sonar. Les arguments et preuves scientifiques de l’efficacité de cette « consultation » animale sont difficiles à trouver à ce jour : elle n’a donc d’autre justification qu’économique. Compagnon de nombreux pécheurs en mer lorsqu’il suit les bateaux dans leur recherche de banc de poissons, le dauphin peut également être utilisé comme auxiliaire militaire. Sa capacité à se déplacer rapidement et dans des milieux difficiles d’accès, à détecter des mines ou repérer des plongeurs grâce à son sonar, a été utilisée par l’Union Soviétique et plus récemment par les États-Unis lors de la guerre d’Iraq. Enfin, même si l’espèce Tursiops truncatus, emblème des dauphins en delphinariums, n’est pas classée comme en danger (3), la pollution de l’eau, l’intensification des pratiques ou encore les massacres annuels insoutenables de la baie de Taiji (9), déciment chaque année plusieurs milliers d’animaux impactant les populations des sous-espèces de dauphins dont certaines sont déjà éteintes. Doit-on en arriver au paradoxe selon lequel ces delphinariums, ces cirques, se justifieraient sous une nouvelle étiquette : celle du zoo dont l’objectif serait de conserver « in-situ » les derniers représentants des populations sauvages qui risquent d’être décimées par les activités diverses et variées de l’Homme ?

Les pouvoirs publics sont-ils complices de cette industrie de spectacle ? Cela est variable. Si l’État de Californie s’est positionné en novembre 2015 en interdisant la reproduction, la vente, l’achat et le transfert d’orques sur son territoire, il n’en reste pas moins que cela s’est fait en contrepartie d’une aide financière de 88 millions d’euros, permettant l’ouverture de Blue World. Cette programmation de la fin de la détention des orques ne semble à ce jour pas prévue dans les autres États. En parallèle de cette prise de décision, en France, deux nouveaux projets de delphinariums ont été annoncés : par le zoo d’Amnéville dont son propriétaire voit en la mise en place de cette activité la réalisation d’un rêve d’enfant, et par le zoo de Beauval, qui, suite à une mobilisation sur les réseaux sociaux, est revenu sur sa demande d’ouverture de delphinarium adressée à la ministre de l’Environnement et discutée lors de la visite de François Hollande en septembre 2015 avec le directeur du parc. Même si l’importation des dauphins et des orques à des fins commerciales est interdite depuis 1997 au sein de l’Union européenne, une étude réalisée en 2011 à l’échelle des delphinariums européens (7) révèle des doutes quant à l’origine de 285 animaux et démontre surtout l’absence du respect de la directive 1999/22/CE relative à la détention d’animaux sauvages dans un environnement zoologique pour tous les delphinariums européens. Comment peut-on encore justifier politiquement le maintien de cette activité ? La comparaison des choix politiques et législatifs des États Membres est variable mais n’est pas globalement en faveur de l’animal. Quoi qu’il en soit, certains États Membres font le choix de se positionner contre la détention et présentation des dauphins et orques. A l’image de la Bulgarie qui a soumis les delphinariums à la législation relative aux cirques et aux performances théâtrales, la Belgique, Finlande, Italie, Pologne et le Royaume-Uni se dotent de normes spécifiques ; Chypre et la Slovénie ont fait le choix d’aller plus loin encore en interdisant tout simplement sur leur territoire l’existence de ces types d’activités. D’autres États Membres, enfin, tels la France et l’Espagne, qui détiennent pourtant 40 % des cétacés captifs européens, n’ont pas à ce jour véritablement pris de décisions contraignantes voire limitantes, en faveur ou défaveur des delphinariums. De telles avancées semblent être laissées au bon vouloir des responsables des établissements, pour lesquels les intérêts économiques peuvent apparaître plus importants que les intérêts de conservation et du bien-être des animaux. En France, le projet de Loi pour la Reconquête de la biodiversité a fait émergé un espoir en mars 2015 grâce notamment à deux amendements demandant que « la capture, l’importation et la commercialisation de cétacés à des fins de dressage récréatifs [soient] interdits » (amendement n ° 994) et que « l’exhibition de cétacés en captivité [tienne] compte des impératifs biologiques des espèces […] » (amendement n ° 1024). Devant les discussions parlementaires et en parallèle des demandes d’ouverture de nouveaux établissements, la ministre Ségolène Royal a demandé un réexamen complet de la réglementation en vigueur, à savoir l’arrêté du 24 août 1981, tout en suspendant toute nouvelle autorisation d’ouverture durant le temps de ce réexamen.

 Les orques et les grands dauphins français ne seraient-ils pas encore totalement condamnés à une vie de captivité bien loin de leurs besoins biologiques ?

Florian Sigronde Boubel

(1) Blackfish, Gabriela Cowperthwaite, CNN Films et Manny O. Productions.

Analyse du film : Blackfish lève le voile sur les conditions de vie des orques en captivité, Elvire Camus, Le Monde, (21/11/2013). http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/11/21/blackfish-leve-le-voile-sur-les-conditions-de-vie-des-orques-en-captivite_3509881_3244.html 

(2) L’espérance de vie des dauphins du Parc Astérix depuis son ouverture est de 5,2 ans !, (11/08/2015).

(3) The IUCN Red List of Threatened Species : Tursiops truncatus : http://www.iucnredlist.org/details/22563/0 ; Orcinus orca http://www.iucnredlist.org/details/15421/0

(4) Un peu de Maths – Association Cétacés, transposition de l’article du Dolphin project dans le cas des delphinariums français.

(5) Reportage Au cœur du Marineland, D8 (23/04/2016).

(6) Le chlore affecte les animaux et les soigneurs, Dauphins libres, un autre point de vue sur la captivité

(7) Enquête de 2011 sur les zoos de l’Union européenne. Les delphinariums – Une évaluation de la détention de baleines et de dauphins en Union européenne et de la directive 1999/22/CE du Conseil européen, relative à la détention d’animaux sauvages dans un environnement zoologique – Whales and Dolphin Conservation Society pour la Coalition européenne ENSCAP en association avec la Fondation Born Free. http://www.ladolphinconnection.com/Rapport_WDCS_Delphinariums_UE.pdf

(8) These are the 6 things experts want you to know about SeaWorld’s Blue World Project, SeaWorld cares

(9) The Cove, la baie de la honte, Louie Psihoyos, (09/2009).

Analyse du film : Massacre de dauphin au Japon : que se passe-t-il dans la baie de Taiji, Notre-planete.info, (25/03/2016). http://www.notre-planete.info/actualites/actu_2446_dauphins_massacre_Japon.php

Article publié dans le numéro 90 de la revue Droit Animal, Éthique & Sciences.

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