Les Européens souhaitent une meilleure protection des poissons d’élevage

A l’occasion d’un événement sur le bien-être des poissons au Parlement européen organisé par l’eurodéputé John Flack et l’association Eurogroup for Animals, un nouveau sondage révèle que 79 % des Européens souhaitent que les poissons d’élevage bénéficient d’une protection similaire à celle des autres animaux d’élevage, protection dont ils ne bénéficient pas pour l’instant.

poisson pêche

79 % des européens souhaitent que les labels certifiant la qualité des poissons achetés pour être mangés incluent des informations sur le bien-être des poissonsCe sondage sur la perception des poissons par les Européens a été commandé par les associations Eurogroup for Animals (dont la LFDA est membre) et Compassion In World Farming. Il révèle que sur 9 047 personnes interrogées dans 9 pays de l’Union européenne (France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne, Suède, Pays-Bas, Pologne et République Tchèque), une large majorité souhaite que les poissons d’élevage soient mieux protégés, même si 68 % reconnaissent avoir très peu voire aucune connaissance des conditions de bien-être des poissons élevés pour être consommés dans leur pays. Toutefois, 65 % d’entre eux estiment que les poissons sont des êtres sensibles capables de ressentir des émotions négatives. Un pourcentage encore plus élevé reconnaît que les poissons ressentent la douleur (73 %).

Autre point important de ce sondage, 4 personnes interrogées sur 5 aimeraient que les labels certifiant la qualité des poissons achetés pour être consommés incluent des informations sur le bien-être des poissons. Pour eux, le plus important est que l’eau dans laquelle vivent ces poissons d’élevage soit propre et de bonne qualité (95 %), suivi de l’importance d’une bonne santé (94 %) et de pouvoir réaliser des comportements naturels (93 %). Enfin, 70 % des Européens interrogés estiment qu’un élevage « durable », c’est-à-dire qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins, devraient signifier que les poissons peuvent exercer leurs comportements naturels.

Ce sondage a été rendu public par les deux associations lors de l’événement « Saisir l’occasion d’améliorer le bien-être des poissons » (Seize the Day for Fish Welfare) le 6 juin 2018, auquel la LFDA a participé. En plus de la présentation des résultats de ce sondage, cet événement a permis les interventions de scientifiques, de représentants de la Commission européenne, de représentants du secteur de l’aquaculture et d’ONG.

Ces dernières années, de nombreuses études sur la sensibilité et les capacités cognitives des poissons sont venues confirmer des études plus anciennes supposant que les poissons possèdent une forme de conscience, sont capables de ressentir la douleur et d’en éprouver des émotions négatives. Certaines espèces utilisent des outils, d’autres coopèrent entre elles, notamment pour se nourrir.

Dans le monde, le nombre de poissons d’élevage tués par an est estimé entre 40 et 140 milliards (les chiffres sont approximatifs car les données officielles ne sont pas exprimées en nombre de spécimens mais en tonne…). A cela s’ajoute entre 830 et 2 400 milliards de poissons sauvages pêchés par an. Une partie des ces poissons pêchés serviront à nourrir les poissons élevés dans les fermes aquacoles, ces derniers représentant 26 % des poissons consommés dans l’Union européenne.

Dans ces élevages, les poissons vivent dans des conditions difficiles :

  • qualité de l’eau altérée,
  • maladies et parasites,
  • surpopulation,
  • manipulation par l’humain,
  • présence proche de prédateurs (oiseaux, phoques, loutres…),
  • incapacité à exercer des comportements naturels…

Le transport par route ou par bateau est également source de stress pour les poissons.

Enfin, l’abattage apporte son lot de problèmes : plusieurs méthodes d’étourdissement avant abattage existent mais elles ne sont pas systématiquement pratiquées, et quand elle le sont, c’est souvent après avoir sorti le poisson de l’eau. De plus, ces méthodes ne sont pas toujours efficaces en fonction des espèces. La plupart des poissons sont laissés agonisant dans la glace ou à l’air libre, décapités ou abattus à coup de tige perforante dans le cerveau. Seuls les règlements européens sur le transport et sur l’abattage des animaux de mer s’appliquent dans une certaine mesure aux poissons. Aucune autre réglementation ne les protège ou vise à améliorer leur bien-être.

Pour plus d’informations sur ce sondage, le bien-être des poissons et les problématiques liées à l’aquaculture et à la pêche commerciale, vous pouvez lire ce rapport (en anglais uniquement) réalisé par Eurogroup for Animals. De même, n’hésitez pas à parcourir les articles de notre revue pour trouver des informations sur le sujet.

Conseils de lecture :

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Le saumon transgénique n’est pas encore parvenu dans l’assiette (p. 29)

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