Pour que la France soutienne un plan d’action européen pour la sauvegarde des requins

Dans le contexte des préparatifs de la prochaine présidence française de l’Union européenne, la Fondation Ligue française des droits de l’animal a attiré l’attention du Ministre de l’agriculture et de la pêche et la Secrétaire d’Etat  chargée de l’écologie sur une proposition de résolution européenne pour un plan d’action européen pour la conservation des requins, qu’elle soutient aux côtés de la coalition Shark Alliance.

Les requins figurent parmi les espèces marines les plus menacées, principalement en raison de leur surexploitation. Des dizaines de millions de requins sont tués chaque année par des pêcheries industrielles et par la pêche sportive.
Les requins, qui jouent un rôle majeur en tant que prédateurs dans les écosystèmes océaniques, sont particulièrement vulnérables à la surpêche, en raison de leur croissance lente et de leur maturité tardive. De ce fait, le maintien de leurs effectifs est très fragile et décline rapidement.

Entre 1990 et 2003, les captures mondiales de requins ont augmenté de 22%, et 80% de ces captures étaient le fait de vingt pays, dont l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni et la France.  Actuellement, l’UICN-Union mondiale pour la conservation de la nature estime qu’au moins 300 des 1000 espèces de raies et de requins connues dans les eaux européennes sont déjà en danger, et qu’au moins 150 autres vont le devenir prochainement.

En 2005, les navires français ont déclaré avoir pêché 11.365 tonnes de requins et 9.978 tonnes de raies,  soit 19.5% des captures européennes, ce qui place la France au deuxième rang, après l’Espagne. Ajoutons qu’en 2006, la France a importé 3.334 tonnes de requins, faisant d’elle la troisième importatrice, derrière l’Espagne et l’Italie.

Les navires français pêchent également loin des eaux européennes. Les requins constituent la part la plus importantes des prises accessoires des thoniers français, les plus efficaces d’Europe, qui opèrent en particulier en Océan Indien et au large des côtes d’Afrique de l’Ouest. Mais, malgré les menaces immédiates qui pèsent sur les requins, il existe très peu de dispositions limitant la pêche aux requins, et les quelques quotas qui sont fixés restent bien en deçà des avis des experts scientifiques.
Par ailleurs, avec le Règlement du Conseil de l’Europe CE n°1185/2003 du 26 juin 2003, l’Union européenne a voulu interdire la pratique gaspilleuse et cruelle de l’aileronage (ou finning) qui consiste à amputer les nageoires du requin vivant et à le rejeter à la mer.

Mais ce règlement contient des dispositions rendant cette interdiction inefficace. Par exemple, le fait que les carcasses et les ailerons puissent être débarqués séparément rend impraticable tout contrôle des quantités prélevées, et tout contrôle du ratio nageoires/carcasses, qui est le plus élevé au monde.

Étant donné l’accession prochaine de la France à la présidence de l’Union européenne, la forte influence de l’Europe sur les politiques mondiales de la pêche, l’importance de la pression des pêcheries françaises sur les requins, et compte tenu, de plus, des engagements pris en 1999 par l’Union au sein de la FAO-Food Agricultural Organisation de mettre en place un plan européen de gestion des populations de requins, la Fondation Ligue française des droits de l’animal, demande que la France apporte son soutien à la Proposition de Résolution européenne pour un plan d’action européen pour la conservation des requins, élaborée par Shark Alliance (Pdf à télécharger).

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