Vers un cirque écolo?

Sous ce titre, le mensuel La Voix des Bêtes de juillet 2010, pour son éditorial, il publie un large extrait d’un article de Thierry Auffret Van der Kemp (directeur de la Fondation LFDA)  » Vive les cirques sans animaux sauvages » paru dans le bulletin d’informations de la LFDA n°60 de janvier 2009 (p.12).

« La Fondation LFDA ainsi que de nombreuses autres ONG de protection et de défense des animaux demandent depuis des années l’arrêt progressif de la détention d’animaux d’espèces sauvages dans les cirques, itinérants ou non, au fur et à mesure de la mort des animaux. […]

Dans une lettre commune co-signée par leurs présidentes et présidents, 8 organisations (association Code animal, fédération France Nature Environnement, fondations Assistance aux Animaux, Brigitte Bardot, Ligue française des droits de l’animal, 30 millions d’amis, Société Protectrice des Animaux et Société Nationale de Défense des animaux) ont réitéré en novembre 2008 cette demande au ministère de l’Écologie. 
Elles lui ont fait part de leurs recommandations dans le cadre d’un examen critique d’un projet d’arrêté fixant les conditions de détention des animaux d’espèce sauvage dans les spectacles itinérants.
Comme le reconnaissent nombre de scientifiques spécialistes de la vie animale, la détention de tels animaux dans ces établissements de spectacle leur imposent, en effet, des conditions de vie totalement incompatibles avec le respect de leur rythme biologique et la satisfaction de l’ensemble de leurs expressions comportementales, tels que les comportements sociaux, les comportements d’explorations dans des espaces suffisamment vastes, aquatiques, terrestres ou aériens selon les cas. C’est exactement ce que la LFDA dénonçait publiquement déjà en 1980.
Certains pays européens (Danemark, Suède, Autriche, Portugual) ont pris, déjà depuis plusieurs années, des mesures réglementaires pour interdire la détention d’animaux sauvages dans les cirques. La France continue quant à elle d’autoriser la détention dans environ 200 établissements de quelques 1 200 animaux appartenant à une quarantaine d’espèces sauvages.
Cependant, plusieurs cirques français dits « modernes », s’opposent de plus en plus aux cirques traditionnels dits « classiques », et suivent ainsi une évolution du goût du public.
Certes, sous l’influence de l’imaginaire populaire entretenu par la communication des cirques classiques et de l’arrière-goût nostalgique de l’enfance que cet imaginaire peut susciter, des grands-parents et divers comités d’entreprise continuent d’emmener par habitude jeunes enfants voir des cirques avec animaux. Mais la nouvelle génération de parents mieux informés et mieux sensibilisés à la cause animale, apprécie de plus en plus les numéros de cirque originaux et innovants qui privilégient avec noblesse la délicatesse de la poésie, de l’invention technique et de la performance physique humaine, sans recours au tape-à-l’œil, sans roulement de tambour, sans maillot à paillettes, sans tristes animaux contraints et ridiculement mis en scène pour faire rire ou faire peur. C’est pourquoi nous devons nous réjouir que plusieurs cirques aient déjà adopté cette nouvelle approche et renoncé à présenter des animaux, notamment sauvages.
Parmi ceux-là, le cirque Phénix, dont son directeur, Alain Pacherie, dit lui-même […] qu’il met un point d’honneur à n’utiliser aucun animal, sinon de façon virtuelle par un spectacle vidéo en relief. Il satisfait ainsi les nostalgiques des animaux dans les cirques, tout en démontrant, en creux, que l’on peut renoncer à la détention réelle d’animaux, devenue aujourd’hui moralement inacceptable à la lumière des connaissances éthologiques modernes. […]

Nul doute que les cirques « classiques », trop figés dans leur tradition (ils ne se privent pas de se moquer du cirque Phénix), tenteront encore de résister à cette évolution en marche, en freinant notamment toute modification réglementaire d’envergure qui prendrait en compte le respect du bien-être des animaux.
Mais cette opposition n’est plus qu’une action d’arrière-garde qui s’arrêtera avant la fin de la prochaine décennie, faute de « combattants », de spectateurs et de financements.
De leur côté, les maires, seuls habilités à autoriser l’installation d’un cirque itinérant sur le territoire communal, sont en mesure de percevoir et de prendre en compte cette évolution chez leurs administrés.
Deux sénateurs, Jean-François Voguet, maire de Fontenay-sous-Bois et Dominique Voynet, maire de Montreuil, l’ont déjà fait par arrêté municipal[…]

Que ces deux sénateurs maires, qui transposent en pionniers dans la réglementation municipale l’évolution du regard éthique porté par les citoyens modernes sur la condition animale, soient félicités pour leur clairvoyance, comme pour leur courage et leur détermination face aux tentatives d’intimidations et aux menaces de certains cirques traditionnels contestant déjà, bien sûr, la validité de ces arrêtés ! »

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