Concours: 3e Lauréate des meilleures copies du BAC de Français 2018

La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences a ouvert en septembre un concours visant a récompenser les trois meilleures copies du bac de Français 2018 composées sur le sujet suivant: « Vous êtes journaliste et vous cherchez à montrer qu’il est nécessaire de promulguer la Déclaration des droits de l’animal. Vous écrivez un article de presse, reprenant les caractéristiques du texte de Marguerite Yourcenar, et présentant des arguments variés sur un ton polémique. »

Voici le texte de notre 3e lauréate, Élise Olschwang.

La souffrance : un mal universel

La douleur, qu’elle soit morale ou physique, n’est souhaitable à personne. Aimerions-nous être assoiffés, entassés, asphyxiés, battus ou même enfermés ? « Révoltons-nous contre l’ignorance, l’indifférence, la cruauté ». Je partage ainsi l’avis de Marguerite Yourcenar, et me dois de contribuer à cette révolte. Regardez autour de vous ! Regardez bien. La douleur est partout. Ce poulet bon marché, savons-nous à quel prix nous pouvons en profiter ?  Entassé parmi ses semblables dès la naissance, il n’a jamais vu le jour. Nourri aux antibiotiques et aux hormones de croissance, il est incapable de vivre seul. C’est une poupée, une contrefaçon, oui, un véritable OGM (organisme génétiquement modifié). Mais malgré tout, il reste vivant, et il souffre.

Montaigne disait : « Je ne prends guère bête qui vit à qui je ne redonne la clef des champs. » En effet, y a-t-il plus cruel ? Évidemment, mais pensons néanmoins à la pêche, activité de nos jours perçue comme un loisir, un divertissement. Qu’apprenons-nous à nos enfants ? Cet être vit ? Fort bien, tuons-le ! Il est chez lui ? Merveilleux, arrachons-le ! Et pour mieux faire, laissons-le agoniser douloureusement. Après tout, ce n’est qu’un animal, n’est-il pas vrai ? Ouvrons les yeux ! Nous leur apprenons insensibilité et violence. Pourquoi s’arrêteraient-ils à cette simple cruauté ? Ils peuvent mieux faire ! Ils le montreront ! Ainsi, nous créerons des cœurs mauvais, et je pense que cela n’est pas bon.

Et qu’en est-il des cirques ? N’est-ce pas beau : aller se divertir du spectacle même de la douleur ? Nous égalons ici les célèbres mises à mort de Rome. Quel honneur ! Regardons avec de nouveaux yeux ce spectacle : un éléphant assis sur un tabouret. À quel prix ? Celui d’une vie en captivité, à recevoir des coups car la bête n’obéit pas à des ordres contre-nature qu’elle ne comprend pas. Est-ce cela que nous voulons inculquer à nos enfants ? Que la souffrance animale n’est rien tant qu’elle est dissimulée sous artifices et paillettes ? Réfléchissons-y. Cet animal « a-t-il des nerfs pour être impassible ? » Voyons, Voltaire lui-même l’avait déjà évoqué. L’humanité n’a-t-elle donc pas progressé ? Il faut croire que non car ces spectacles proches de ceux des Romains sont encore bien en dessous d’un autre très célèbre. Comment ? N’allez pas me faire imaginer que le doux nom de la corrida vous est inconnu. Il me semble qu’il n’est pas même nécessaire d’en dire plus. Cette représentation est je crois, l’incarnation même de l’horreur et de la cruauté. Enfin ! Soyons sensés ! Sauvons notre honneur ! Car je ne vois rien de plus indigne que ces sinistres funérailles.

Nous connaissons tous la Déclaration des droits de l’Homme. Comment se fait-il que la Déclaration des droits de l’animal n’évoque, pour la plupart d’entre nous, qu’une idée vague, si ce n’est un simple projet ? Est-ce trop utopique que de demander justice pour ceux qui n’ont pas la parole ?

Si nous ne le faisons pas pour eux, faisons-le au moins pour nous. Nous vivons en effet dans une société de consommation, et la surconsommation de viande provoque, entre autres, de multiples maladies. Utilisons cet égoïsme humain si répandu. Pensons à nous, pensons à nos enfants. Réduisons notre consommation, réduisons l’élevage intensif, améliorons notre santé, améliorons celle des animaux.

Il n’est pas exagéré, je crois, d’affirmer comme le fit Rousseau que la bête « a le droit de n’être point maltraitée inutilement par l’autre ». L’autre c’est vous, c’est moi, c’est nous, et j’espère peut-être avec un peu trop d’ambition, que vous sentirez désormais une brise de révolte effleurer votre cœur lorsque quiconque montrera du mépris pour la souffrance animale. Répandons la nouvelle : la Déclaration des droits de l’animal est bel et bien réelle, et la souffrance est universelle !

Elise Olschwang

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