Billet de Louis Schweitzer : un numéro dédié à l’éducation au respect des animaux

Louis Schweitzer lors du colloque de la LFDA

BILLET DU PRÉSIDENT • Revue n°124 (printemps 2025)

Ce numéro 124 de la revue est un peu inhabituel pour nos lecteurs fidèles. Nous avons choisi d’en faire un numéro spécial portant sur l’éducation au respect des animaux, dans la suite du colloque « Connaître et respecter les animaux, un enjeu pour l’Éducation nationale » organisé à l’Unesco le 5 décembre 2023, par la Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences et par la Fondation Adrienne et Pierre Sommer.

Ce colloque s’est inscrit à la suite d’une série d’autres colloques – auxquels certains d’entre vous ont assisté – sur la souffrance animale, sur le bien-être animal, sur les droits et la personnalité juridique de l’animal, sur l’avenir de l’élevage, sur la protection des animaux sauvages en liberté, et il sera lui-même suivi par une rencontre dédiée au droit européen à l’automne 2025. Ces colloques ont un double objet. D’abord, faire le point sur les connaissances et les réflexions sur des thèmes majeurs des relations animaux-humains. Ensuite, de faire progresser le droit et les pratiques. Ces deux dimensions sont à nos yeux inséparables. Elles s’inscrivent dans l’esprit de la Déclaration des droits de l’animal que la LFDA défend avec détermination : celle-ci porte en son article sept : « les gouvernements veillent à ce que l’enseignement forme au respect de la présente déclaration », parce que notre conviction est que la pédagogie et l’éducation sont des instruments essentiels au service du progrès éthique.

Lire aussi : L’éducation au respect des animaux : un objectif de longue date pour la LFDA

L’actualité de ce colloque est liée à la loi sur la maltraitance animale de novembre 2021 qui porte : « l’enseignement moral et civique sensibilise également à l’école primaire, au collège et au lycée, les élèves au respect des animaux de compagnie. Il présente les animaux de compagnie comme sensibles et contribue à prévenir tout acte de maltraitance animale ». Il faut saluer cette loi, qui est une première d’initiative parlementaire ayant une ambition globale. Toutefois, elle ne couvre pas les animaux sauvages en liberté ni les animaux d’élevage. Nous pensons qu’il faut aller au-delà de cette loi. Ne pas s’intéresser seulement aux animaux de compagnie mais s’intéresser à tous les animaux, et notamment tous les animaux qui sont sous la garde de l’homme, c’est-à-dire les animaux d’élevage, les animaux sauvages en captivité, et les animaux d’expérimentation. Et étendre cette action de lutte contre la maltraitance à une réflexion éthique plus générale. 

Dans ce colloque sont intervenus des acteurs engagés dans l’amélioration de notre connaissance des animaux et dans nos relations avec eux.

Le respect, la bientraitance animale est un élément d’une volonté plus générale de préserver la vie, d’améliorer le sort de tous les êtres sensibles. Cela me paraît être au cœur de toute philosophie éthique. Mais au-delà de ça, je pense que la relation avec les animaux peut et doit être une relation d’empathie. À tout geste positif, l’animal qui vit avec les humains – même les animaux d’élevage – répond par un geste positif.

Les connaissances suscitent l’empathie et l’empathie donne envie d’acquérir des connaissances. En conclusion, la cible pour l’Éducation nationale, c’est justement de susciter chez les élèves, chez les enfants et les adolescents, cette empathie nourrie de connaissances pour les animaux. Je pense aussi qu’au sein des sociétés humaines, quelques progrès dans l’empathie seraient sans doute bienvenus, et que les animaux et nos relations avec eux peuvent nous donner une leçon d’empathie qui est utile aussi pour les relations entre ces animaux particuliers que sont les êtres humains.

Est-ce que nous en sommes là ? Non. Est-ce que la loi du 30 novembre 2021 est négligeable ? Non. À mes yeux, cette loi, bien qu’imparfaite, ouvre une porte. Cette porte ouverte sera utilisée et beaucoup de personnes l’emprunteront, c’est-à-dire qu’ils élargiront l’enseignement au-delà des bornes de l’enseignement civique, élargiront le respect à ce concept d’empathie que je trouve plus riche que le seul respect, qui met une sorte de distance. Je pense que cette porte restera ouverte, de plus en plus de choses la traverseront et on ira vers cette empathie nourrie de connaissances qui est dans ce domaine notre objectif.

Louis Schweitzer

 

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