Article tiré du dossier L’Animal et l’école (1989)
Près de 10 millions de chiens et près de 10 millions de chats vivent en France ! Ces nombres, très important, posent évidemment de sérieux problèmes de propreté, de sécurité ou de cohabitation.
Pourtant la présence d’un animal familier à la maison est souvent, surtout en ville, un élément important de l’équilibre affectif. Il y a des moyens de concilier le besoin d’avoir un animal compagnon, et la nécessité de ne pas gêner autrui, ce qui est un des fondements de la vie sociale paisible. Il suffirait d’observer quelques règles générales.
Posséder un animal familier est un véritablement engagement à prendre soin de lui et à le conserver avec soi jusqu’à sa mort
L’animal n’est pas un objet, et encore moins un jouet, que l’on achète, ou que l’on se fait offrir, par envie ou par caprice. Même si un petit chat, ou un petit chien sont émouvants et attirants, il faut réfléchir à ce qu’ils deviendront quelques mois plus tard, au travail qu’ils donneront. Le chiot qui tient dans le creux des deux mains deviendra un chien adulte, dont on s’aperçoit qu’il est encombrant, qu’il faut le nourrir, qu’il gène les vacances. Cette absence du sens de la responsabilité est la grande cause des abandons d’animaux, qui sont des actes cruels et lâches. Il faut savoir, par exemple, qu’un chien doit être sorti au minimum trois fois par jour, qu’il doit être régulièrement nourri, abreuvé et soigné.
Le choix d’un animal familier doit tenir compte de la vie qui lui sera permise
Les chiens vigoureux, ceux de grande taille ont besoin pour bien se porter d’espace et de mouvement. Il ne faut pas les contraindre à vivre en ville, sans exercice suffisant. Le choix d’une espèce agressive est un danger pour soi-même et pour les autres.
Ce sont aussi des raisons pour lesquelles on ne doit jamais ni acheter, ni rapporter de voyage un animal sauvage, exotique ou non, que ce soit un reptile, un oiseau, un singe ou n’importe quel autre. Le moment de curiosité passé, ils deviennent vite une charge, voire un danger. De plus, ils ne sont pas faits pour vivre captifs, ils ne supportent pas nos climats, et sont fréquemment malades. Il y a suffisamment de races de chiens et de chats, et suffisamment d’autres espèces de petits animaux domestiqués depuis longtemps (lapin, cobaye, hamster, oiseaux d’élevage), pour satisfaire à tous les goûts.
Chaque propriétaire d’animal familier doit être conscient qu’il participe lui-même à rendre excessif le nombre de ces animaux
Il ne doit donc pas favoriser cette prolifération ; il doit au contraire éviter les naissances, ne pas faire commerce de la vente des petits, ni-même les donner gratuitement. Mieux, les propriétaires d’animaux doivent s’astreindre à surveiller les chiennes, et à faire stériliser les chats et les chattes. Il ne doit pas survenir de portée par accident, c’est-à-dire par manque de surveillance des animaux.
Le propriétaire d’un animal familier doit respecter autrui, en n’imposant ni bruit, ni gêne, ni pollution
Comme les enfants sont élevés par leurs parents, les animaux doivent être éduqués par leur maître. En ville, le chien doit être habitué à ne pas aboyer, ou à se taire sur ordre. Le plus souvent, le chien doit être tenu en laisse en ville. C’est ainsi qu’il lui est très vite appris à faire ses besoins dans le caniveau ; c’est ainsi que l’on empêche un chien d’agresser d’autres chiens, ou l’on l’empêche d’effrayer les gens.
La pollution des villes par les déjections des chiens est malpropre, malodorante, dangereuse pour l’hygiène et la santé des hommes. Dans certains pays, en Suisse, en Grande-Bretagne, les trottoirs sont propres, les chiens sont bien élevés, et leurs maîtres doivent payer de lourdes amendes s’ils salissent. C’est parce que les chiens sont mal éduqués qu’il est difficile en France de marcher sans risque sur les trottoirs…
Il faut par ailleurs veiller à respecter les arrêtés municipaux interdisant la présence d’animaux domestiques pour des raisons d’hygiène dans les magasins, lieux publics, certains jardins, plages, etc.
Veiller à ce que les chiens ne pénètrent pas dans la propriété d’autrui
A la campagne, il faut veiller à ce que les chiens ne pénètrent pas dans la propriété d’autrui, à ce qu’ils ne se promènent pas hors du contrôle de leur maître, qui doit pouvoir les faire revenir vers lui immédiatement. Parfois, il existe une obligation de tenir les chiens en laisse : il faut la respecter. Le chien laissé sans contrôle peut provoquer un accident, mordre ; il dérange souvent les animaux sauvages et les animaux domestiques dans les pâturages.
De même le propriétaire d’un chat doit veiller à ce qu’il ne gêne pas le voisinage. Le chat est un animal vagabond et curieux, mais rien ne justifie qu’il pénètre dans la propriété d’autrui, pour y faire ses besoins, pour y chasser les oiseaux ou pour y tuer les poussins ou les cannetons. En laissant libre son chat dans la campagne, on lui fait courir le risque d’être tué d’un coup de fusil, ou par un piège ou par des poisons. Dans tous les cas, l’animal familier laissé libre peut se perdre, et aboutir dans un refuge d’animaux trouvés, où il n’est pas du tout assuré ni de l’y retrouver, ni qu’il trouve un nouveau maître.
L’obligation d’identifier les chiens et les chats
C’est pour éviter ceci, qui peut être un drame affectif pour son petit maître, et éviter que l’animal soit perdu, et peut-être sacrifié, que tous les chiens et chats devraient être identifiés par un tatouage, et porter un collier mentionnant le nom, l’adresse et le téléphone de leur propriétaire. C’est en connaissant, en respectant, et en faisant respecter ces règles simples que chacun peut contribuer à l’harmonie de la vie en société, et à l’acceptation par tous des animaux familiers de certains.
Dr Jean-Claude NOUËT, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris