Quatre pattes plus deux pieds, une addition bénéfique ? Résumé des bénéfices du lien à l’animal au quotidien pour les enfants

Dans nos vies tumultueuses, nous pouvons être à la recherche de bien-être ; ceci est aussi valable pour les plus jeunes d’entre-nous. Et si, finalement, une des pistes à suivre n’était pas celle de passer plus de temps de qualité avec nos animaux de compagnie (et qui certainement eux aussi pourront en être ravis) ? Faisons un détour par la recherche pour en savoir plus !

L’auteure enfant avec son premier chien, Upsa

Vivre avec un animal ou le côtoyer de façon ponctuelle a des effets sur le stress : il peut avoir une forme d’effet anxiolytique. Par exemple, il a été montré que le fait d’être au contact d’un chien baisse le taux de cortisol (c’est-à-dire l’hormone du stress) et le rythme cardiaque (Dollion & Grandgeorge, 2022). Regarder un chien dans les yeux permet aussi la sécrétion de l’ocytocine, l’hormone du bonheur, à la fois chez l’humain mais aussi chez l’animal (e.g. Nagasawaet al., 2009). Une expérience a été menée chez des enfants entre 9 et 10 ans lors de lectures à haute voix face à un adulte (Schretzmayer et al., 2017). Pour certains, un chien était présent. Les enfants de ce groupe ont montré moins de gestes de nervosité mais aussi un moindre taux de cortisol salivaire en comparaison des enfants exposés uniquement à l’adulte.

Ces effets sur le court terme se retrouvent aussi à long terme sur la santé. Grandir et vivre avec un animal peut avoir des effets intéressants, notamment sur la réduction des risques de temps passé derrière les écrans, de sédentarité, et peut amener les jeunes à avoir plus d’activité physique (Christian et al., 2013, 2018 ; Cutt et al., 2017). De même, ils ont des apports sociaux au quotidien, permettant de développer des compétences telles que les capacités empathiques et multiplier les comportements prosociaux (Dollion & Grandgeorge, 2022 ; Vidovic et al., 1999). Interagir avec l’animal donne des opportunités de tester quels sont les bons et les mauvais comportements. Dans ce jeu d’alternance d’interactions, l’animal donne des indices sur quels sont les bons comportements à adopter avec lui. Finalement, l’enfant ou l’adolescent apprend, grâce à ce contact avec l’animal, à réguler ses comportements, à avoir des interactions socialement plus adaptées. Par la suite, il va pouvoir transférer cette compétence aux autres êtres humains (e.g. Filiatre et al., 1988).

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Bien entendu, ces apports de la présence animalière au quotidien s’étendent aussi à la sphère du bien-être. Prenons l’exemple d’une situation particulière, que nous avons tous connue il y a quelques années, pendant la pandémie de Covid-19 : le confinement. Cette situation extrême a mis en exergue le fait qu’avoir un animal pouvait avoir un effet protecteur contre la dépression mais aussi contre la solitude. Par exemple, aux États-Unis, une enquête (Appelbaum et al., 2020) a montré que 65 % des parents estimaient que leurs enfants vivant avec un animal de compagnie avaient eu des effets bénéfiques de cette présence pendant cette période d’isolement. C’était une source de distraction, de rupture de l’isolement, avec une diminution du sentiment de solitude. Cela a aussi diminué leur stress et leur anxiété.

Bien entendu, grandir et vivre avec un animal permet aussi à l’enfant de se décentrer. L’animal permet d’apprendre à se soucier des besoins d’un autre, un autre différent de soi, et expérimenter une inversion des rôles. Au quotidien, le jeune devient la personne qui prend soin d’autrui (Cain, 1985 ; Dollion & Grandgeorge, 2022). Par exemple, Christian et ses collaborateurs (2014) ont proposé à des enfants entre 10 et 12 ans d’aller promener leur chien en toute autonomie. Cette étude met en lumière que ces jeunes gagnent très rapidement, en quelques semaines, des compétences de prise de responsabilité et d’autonomie non développées par les enfants qui ne suivaient pas ce programme.

Enfin, des études en sociologie (Doré et al., 2019) ont montré que vivre avec un animal pouvait être source d’apprentissage. Les parents s’appuient très souvent sur la présence de l’animal pour initier les plus jeunes au cycle de la vie. Qu’est-ce que c’est la naissance ? Qu’est-ce que c’est grandir, devenir un adulte ? Qu’est-ce que c’est mourir ? De plus, cela permet aussi aux parents d’aborder des notions autour de la généalogie et du rôle de chacun. On voit que l’animal représente des appuis multiples tout au long de l’enfance et de l’adolescence.

Les recherches sur les apports des animaux dans nos vies se multiplient au fil des années, et nous ne serons pas surpris par les futurs bénéfices qui seront mis en évidence… À condition que nous aussi veillions à offrir une qualité de vie optimale pour nos compagnons du quotidien.

Marine Grandgeorge, maître de conférences en éthologie 

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