Élection présidentielle 2022: les animaux au programme

La condition animale est une cause politique. Depuis sa création, la Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA) mène des actions pour inciter les candidats aux élections à s’engager en faveur des animaux. Déjà en 1981, la fondation avait fait publier une pleine page dans le journal Le Monde pour inciter les candidats à s’emparer du sujet de la préservation des animaux et du Vivant en général, soutenue par d’autres organisations et des personnalités. L’élection présidentielle de 2022 ne fait pas exception. À cette occasion, la fondation a mené des actions en propre, mais aussi conjointe avec d’autres organisations.

Animaux 2022

Engagement Animaux 2022 a évalué les promesses des candidats

Dès l’année dernière, la LFDA a pris part à la création du collectif Engagement Animaux 2022, initié par Convergence Animaux Politique et rassemblant 30 organisations de défense des animaux. À partir du mois de janvier 2022, les ONG ont proposé, aux candidats à la présidentielle, une charte avec 22 mesures, regroupées sous les thématiques « animaux et société », « élevage, transport et abattage », « expérimentation animale », « divertissement, captivité et exploitation des animaux », « animaux de compagnie et de loisir » et « animaux sauvages et biodiversité ». Parmi les mesures les plus prioritaires retenues par les ONG, on retrouve :

  • la nomination d’un ministre de la condition animale ;
  • l’interdiction des pires pratiques d’abattage (abattage sans étourdissement et des femelles à un stade avancé de gestation) ;
  • l’encouragement et le soutien au développement d’alternatives à l’expérimentation animale ;
  • l’interdiction des corridas et des combats de coqs ;
  • l’obligation de stériliser les chats errants ;
  • l’interdiction des pratiques de piégeage et de chasse cruelles (chasse à courre, vénerie sous terre, chasse en enclos…).

Avant le premier tour de l’élection, 7 candidats sur 12 avaient signé la charte d’Engagement Animaux 2022. Yannick Jadot obtenait un score de 98 % de réponses favorables, suivi par Anne Hidalgo à 92 %, puis Nathalie Arthaud à 85 %, Philippe Poutou à 77 % et Nicolas Dupont-Aignan à 70 %. La candidate Marine Le Pen obtenait un score de 58 %. Bien que n’ayant pas répondu aux sollicitations des ONG, Eric Zemmour obtenait un score de 2 % pour une mesure de son programme qui correspondait à l’une des 22 mesures du projet. Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Fabien Roussel et Jean Lassalle n’ont pas signé la charte d’engagement et n’ont proposé, dans leur programme, aucune mesure en faveur des animaux équivalentes à celles que les ONG portaient. Il convient de noter qu’une prétendante avait obtenu un score de 100% à nos propositions mais elle n’a pas obtenu ses 500 parrainages obligatoires pour être officiellement candidate : il s’agit d’Hélène Thouy, candidate du Parti animaliste.

Les candidats étaient aussi invités à produire un plan d’action pour préciser la mise en œuvre de leurs engagements. L’objectif était d’analyser la sincérité de l’engagement en faveur des animaux de chacun. Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan, Philippe Poutou et Marine Le Pen ont chacun proposé un plan d’action. Les trois premiers ont précisé les moyens alloués à certaines mesures et un calendrier, quand les deux autres sont restés vagues. 

À la demande des ONG, les candidats devaient présenter leur vision des relations entre humains et animaux. Yannick Jadot, Nicolas Dupont-Aignan et Anne Hidalgo se sont prêtés à l’exercice dans des vidéos disponibles sur le site et les réseaux sociaux d’Engagement Animaux 2022.

La LFDA fait trois propositions aux candidats à la présidentielle

Les travaux collaboratifs sont nécessaires pour peser en politique face aux lobbies. Cependant, la collaboration avec les autres ONG implique des compromis, notamment dans le choix des mesures à proposer aux candidats. La LFDA a donc choisi, de son côté, de demander aux candidats de se positionner sur trois mesures :

  • l’interdiction des actes de cruauté à l’encontre des animaux sauvages en liberté ;
  • la création d’un étiquetage bien-être animal pour l’ensemble des produits d’origine animale ;
  • la nomination d’un ministre de la condition animale.

La première proposition provient tout droit du colloque de la LFDA en 2021. Elle vise à mettre fin à l’incohérence juridique, qui ne repose sur aucun fondement scientifique, que constitue l’absence de pénalisation des actes de cruauté à l’encontre d’un animal sauvage lorsqu’il vit en liberté, alors que ces mêmes actes de cruauté peuvent être punis s’ils sont perpétrés contre un animal sauvage captif ou apprivoisé, ou un animal domestique. Révélé lors du colloque de la LFDA, un sondage montre que 85 % des personnes interrogées sont favorables à cette demande.

La seconde proposition sur l’étiquetage provient du colloque de 2020 de la LFDA sur le bien-être animal et l’avenir de l’élevage, ainsi que des travaux de la fondation et de ses partenaires de l’association Étiquette bien-être animal (AEBEA). Pour l’instant disponible sur des produits du poulet et sans caractère obligatoire, la volonté de la LFDA est que l’étiquette bien-être animal soit adoptée par les pouvoirs publics français et européens pour être déployée de manière obligatoire sur l’ensemble des produits d’origine animale.

La troisième proposition est aussi une des 22 mesures du projet Engagement Animaux 2022. La LFDA constate que les attributions des ministères actuels sont trop larges pour permettre une action efficace en faveur des animaux. Un ministère de la condition animale permettrait au ministre de se consacrer pleinement et avec toute son énergie à la protection des animaux. De plus, il aurait un certain poids pour porter l’intérêt des animaux face aux autres ministres du gouvernement qui arbitrent plus souvent, par exemple, en faveur des chasseurs, pour le ministre de l’Environnement.

Les animaux dans les programmes des candidats

En complément de son action de lobbying et de ses travaux collaboratifs, la LFDA a proposé sur son site internet (fondation-droit-animal.org) une analyse des programmes des 12 candidats à la présidentielle afin d’offrir une information synthétique aux électeurs.

Pour la première fois lors d’une élection présidentielle, l’ensemble des candidats mentionnent les animaux dans leurs programmes. Quand certains se contentent d’une phrase, d’autres édictent des livrets sur cette thématique, avec parfois plus de 200 propositions. Tous les candidats ne sont pas franchement intéressés par le sujet, mais la plupart a pris conscience des attentes croissantes de la société en la matière.

Conclusion

Forte de la montée en puissance du sujet dans les médias, de la structuration des actions de lobbying des ONG de défense des animaux, de la création du Parti animaliste et d’un mouvement global pour mieux protéger les animaux, la cause animale est devenue un sujet de la campagne présidentielle 2022. Si elle n’a pas été un thème central – loin s’en faut –, elle a trouvé un certain écho dans les médias tout au long de la campagne, avec des articles de presse, des reportages, des questions de journalistes, des prises de paroles spontanées des candidats sur le sujet… Parfois, certains candidats s’inscrivaient en opposition à une amélioration de la condition animale, notamment sur les thématiques de la chasse ou de la réduction de la consommation de viande. Mais, pour tous, elle a été un sujet à aborder. Malheureusement, le candidat élu, Emmanuel Macron, fait partie de ceux qui s’y intéressent le moins.

Engagement Animaux 2022 repart en campagne pour les législatives

Les élections législatives sont cruciales pour l’avenir des animaux. Les députés ont le pouvoir de proposer et de voter des lois, et ils peuvent faire pression sur le gouvernement. Dans la législature qui se termine, les députés ont permis des avancées historiques pour la condition des animaux de compagnie, des équidés et des animaux sauvages captifs, grâce à la proposition de loi sur la maltraitance animale, devenue loi.

Les 30 ONG d’Engagement Animaux 2022 se mobilisent donc une nouvelle fois, en proposant à un maximum de candidats à la députation de signer une charte avec 22 mesures en faveur des animaux. Les ONG enjoignent aussi les partis politiques à se positionner sur ses mesures. L’objectif est, d’abord, d’informer les électeurs sur l’engagement des candidats à propos de la condition animale, puis de sensibiliser le plus de candidats à ces questions, pour obtenir des nouveaux progrès pour les animaux au cours de la prochaine législature.

Pour inciter les candidats à signer notre charte, votre aide nous est précieuse ! Contactez les candidats de votre circonscription pour qu’ils s’engagent sur nos 22 mesures. Toutes les informations nécessaires sont à retrouver sur le site de la campagne, dans la rubrique « actions » : www.engagement-animaux.fr/actions/.

Nikita Bachelard

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