L’abeille, l’indispensable pollinisatrice

L’abeille domestique (Apis mellifera), hyménoptère de 12  mm de long, est un insecte pollinisateur d’une valeur inestimable pour l’Homme en permettant la pollinisation des végétaux que nous utilisons.

Ainsi chaque année, abeilles domestiques, sauvages et autres pollinisateurs contribuent à la reproduction de plus de 80 % des espèces de plantes à fleurs, les angiospermes qui dominent aujourd’hui la flore terrestre avec quelques 300 000 espèces. Ainsi, 71 des 100 plantes les plus cultivées dans le monde, 84 % des plantes cultivées en Europe, le sont grâce aux abeilles. Elles permettent la production de 35 % de notre alimentation quotidienne. La valeur économique en termes de pollinisation est évaluée à 153 milliards d’euros par an dans le monde (1). Il est à regretter que seule une très faible partie de cette somme soit utilisée en retour pour les protéger.

« Si l’abeille disparaissait de la surface de la Terre, l’Homme n’aurait plus que quelques années à vivre » énonçait déjà au début du XXe siècle Albert Einstein. Cependant l’Homme les remercie plutôt mal pour leurs services rendus. Pour nourrir toujours plus d’êtres humains, les cultures intensives se sont développées aux quatre coins du monde. Les insectes et autres « ennemis des cultures », ont été éradiqués à coup de produits chimiques afin d’augmenter puis maintenir les rendements des cultures (2).

En France, la mortalité des ruches a été multipliée par 6 en 10 ans. En 2015, 30 % des ruches françaises en moyenne ont disparu au cours de l’année de production. Ainsi chaque année près de 400 000 ruches sont décimées. La production de miel a chuté de moitié entre 1995 et 2015 pour atteindre 16  000 tonnes de miel français l’an dernier (3), (4). Ailleurs dans le monde, les chiffres sont tout aussi effrayants : 35 % des ruches disparaissent chaque année aux États-Unis, pays où a pourtant lieu « la plus grande migration d’animaux domestiques  », chaque printemps.

En effet, pour polliniser les 320 000 hectares d’amandiers de la vallée de San Joaquin en Californie, 53 000 ruches, soit près de 2,6 milliards d’abeilles, sont transportées en camions. Les ruches sont louées et rapportent 100 euros à leur propriétaire (5). En Chine, du fait de l’utilisation d’une quantité importante de pesticides et d’une main-d’œuvre bon marché, ce sont maintenant les hommes qui remplacent à la main le travail des abeilles (1). Symbole de royauté, emblème du Muséum d’Histoire naturelle de Paris (6), l’abeille connaît depuis plus de dix ans maintenant une véritable crise de surmortalité.

On dénombre 20 000 espèces d’abeilles dans le monde dont 1 000 sont présentes en France. En Europe, on estime que 24  % des espèces d’abeilles sont menacées d’extinction. L’abeille et sa ruche, qu’elles soient exposées à proximité de prairies de montagne (production de 25 kg de miel) ou à côté de champs de plusieurs hectares d’une même plante (moins de 10 kg de miel produit) est ainsi devenue une esclave.

Florian Sigronde Boubel

  1. Youtube, (20/12/2014), À qui profite le miel ? #DATA GUEULE  20. https://www.youtube.com/ watch?v=4dVs95LwVVg
  2. Voir dans ce même numéro : « Loi Biodiversité : interdiction des néonicotinoïdes au 1er janvier 2018 ? »
  3. Site du ministère de l’agriculture, (08/02/2013). Les chiffres clés de l’apiculture – Bref panorama, en chiffres, de l’apiculture en France. http://agriculture. gouv.fr/les-chiffres-cles-de-lapiculture
  4. Union Nationale de l’Apiculture Française, (18/03/2016). Portrait de la filière – L’Apiculture Française : Chiffres clés 2015. http://www.unaf-apiculture.info/qui-sommes-nous/portrait-de-la-filiere.html 
  5. Dur à avaler, des articles de santé pour s’informer et agir, (23/11/2013), Yves Anso. Nous massacrons des milliers d’abeilles pour une poignée d’amandes. http://www.dur-a-avaler.com/ abeilles-amandes-californie-amandiers-pesticides-effondrement-colonies/
  6. Exposition au jardin des plantes de Paris présentant l’abeille, ses maladies, son rucher, le symbole qu’elle véhicule, son importance…

Article publié dans le numéro 89 de la revue Droit Animal, Ethique et Sciences.

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