Territoires des animaux et routes des hommes

La place laissée à la faune (et la flore) ne cesse de se réduire et d’être morcelée par les routes, les voies ferrées, l’urbanisation, les lotissements, les clôtures. Pourtant, la nécessité de préserver la nature est largement reconnue par la société. Partout, doit s’appliquer la formule lancée par la LFDA : pour sauver les espèces, il faut avant tout préserver les espaces, et permettre un maillage d’espaces préservés grâce à des friches, ou à des aménagements tels que petit tunnel, passerelle pour franchir une route, une autoroute, ou une voie ferrée, avec des clôtures ou des levées de terre pour diriger vers ces passages et les mettre hors de vue.

Les animaux peuvent circuler sans obstacles, et l’espace naturel nécessaire à leur vie et à la reproduction de l’espèce est augmenté. Pourtant, sur quelques années, les travaux publics ne s’en préoccupaient pas. Sur les routes à quatre voies, on voit encore desmurets de séparation médiane, continus sur plusieurs kilomètres sans aucune interruption ni orifice, en sorte que le muret est un piège mortel pour les animaux, écrasés pour n’avoir pas pu trouver une issue et fuir.

Les victimes animales de la circulation routière se comptent encore par milliers chaque année ; ce sont principalement chevreuil, lièvre, hérisson, grenouille verte, mulot, blaireau, salamandre, renard. Et en traversant nos routes ils peuvent provoquer des accidents, soit parce qu’ils ont été tentés de les éviter, soit parce que la collision n’a pu être évitée, principalement avec les sangliers ou les cervidés (surtout les chevreuils). Chaque année, surviennent ainsi de nombreux accidents corporels et mortels, notamment à cause de la chasse, parce que les animaux fuient aveuglément le danger ou simplement le bruit, et filent d’un trait. Le sanglier lancé au galop au travers d’une route est particulièrement à redouter !

C’est à cette époque qu’il faut être attentif aux panneaux indiquant la traversée d’animaux * (ils sont, ou devraient être placés aux passages habituels), qu’il faut se méfier lors de traversées de forêt (les lisières avec des cultures sont dangereuses) et particulièrement au crépuscule et à l’aube.

En cas de collision avec un gros animal immobilisant le véhicule, il faut évidemment respecter les consignes générales de sécurité (triangle, feux de détresse, port du gilet réfléchissant), et avertir la gendarmerie.

Si un petit animal est touché, il faut s’arrêter (avec toutes précautions de sécurité), vérifier s’il est mort ou seulement blessé, et dans ce cas, s’efforcer de l’emporter soigneusement vers un cabinet vétérinaire, ou vers un centre de sauvegarde de la faune sauvage. Les soins vétérinaires seront souvent apportés gratuitement.

Qui contacter en cas d’accident de la route avec un animal ?

Ces numéros de téléphone devraient être à portée de main dans le véhicule de toute personne soucieuse de la vie animale.

Jean-Claude Nouët

Article publié dans le numéro 91 de la revue Droit Animal, Éthique & Sciences

* À ce sujet, la LFDA rappelle qu’elle est à l’origine de la modification de ces panneaux de signalisation, qui aujourd’hui montrent la silhouette d’un cervidé bondissant, parfois avec la mention « attention grands animaux », mais qui, autrefois mentionnaient « attention gros gibier ». Nous avions vigoureusement protesté, soulignant que les animaux sauvages vivant à l’état de liberté ne sont pas que du « gibier » que s’approprient les chasseurs. Cette action avait été renforcée par les bombages au pulvérisateur noir de panneaux disposés dans des endroits stratégiques (par exemple Chambord, Compiègne…). Tous les panneaux ont été changés!

ACTUALITÉS