L’enfant, ami des oiseaux

Les nourrissoirs

En cas d’hiver rigoureux, ou pendant des périodes plus rudes, ou en temps de neige, les oiseaux ont du mal à trouver leur nourriture. Ils souffrent de la faim, et résistent mal au froid. C’est le moment de leur venir en aide.

C’est aussi l’occasion d’observer de plus près, même en pleine ville, et à condition de ne pas les effaroucher, la mésange bleue, la mésange charbonnière, le rouge-gorge, l’accenteur mouchet, le verdier, le rouge-queue, le troglodyte, le merle ou la grive.

Il est facile de construire des nourrissoirs, et de les installer. Ces nourrissoirs sont destinés à aider ceux des oiseaux qui doivent chercher leur nourriture. On évitera donc de donner du pain, qui ne profite guère qu’aux moineaux, et aux pigeons, lesquels trouvent suffisamment de miettes sur les appuis des fenêtres, les balcons, ou les trottoirs.

On garnira les nourrissoirs :

  • de graisses (appréciées par les mésanges) : beurre, gras de bœuf, margarine, lard frais non salé, saindoux (mêlé pour moitié de pomme de terre cuite pour le rouge-gorge),
  • de graines : tournesol (mésange, verdier), petites graines ou chènevis (pinson, accenteur),
  • de cacahuètes fraîches dans leur enveloppe et non salées (mésange),
  • de pomme et poire coupées en tranche (merle, grive),
  • de noix et noisettes décortiquées (mésange, sittelle).

Il est préférable de ne présenter qu’une sorte de nourriture par emplacement.

On peut imaginer bien des modèles de nourrissoirs ; quelques règles générales doivent être observées. Le récipient ne doit être ni trop profond (pour que l’accès à la nourriture soit facile), ni trop peu (pour que l’oiseau ne la fasse pas tomber) ; il doit être protégé par un petit toit débordant. Le nourrissoir doit être solidement construit.

Il faudra disposer les nourrissoirs à l’abri de la pluie, et hors de la portée des chats, en les suspendant à une branche d’arbre loin du tronc, ou à un fil solide tendu entre des supports, ou en les fixant à un poteau. Il n’est pas difficile, en général, de trouver des emplacements dans la cour d’une école, la cour d’un immeuble, dans un jardin privé ou un jardin public (sous réserve de l’autorisation de la municipalité).

La graisse peut être placée dans un filet (du type filet à oranges), suspendu au bout d’une ficelle à une branche : les mésanges s’accrochent aux mailles, et piquent la graisse avec leur bec. On peut aussi suspendre des gâteaux de saindoux figé mélangé de diverses graines.

Il ne faut pas oublier l’abreuvoir, car l’oiseau a besoin de boire, comme l’homme. L’eau mise dans un récipient peu profond, et souvent renouvelée, est la seule boisson qui convienne. En période de gel, on peut retarder la prise de l’eau en ajoutant quelques gouttes d’alcool de fruit (surtout pas de glycérine).

Enfin le nourrissage ne doit pas être continuel, pour ne pas empêcher les oiseaux de maintenir les équilibres naturels. La période de gel ou de neige finie, il doit être arrêté, si les nourrissoirs sont installés dans les bois, la campagne, ou en zone périurbaine. Pourtant, en pleine ville, trop loin de parcs et de jardins, continuer le nourrissage tout en diminuant, peut être le moyen acceptable de retenir les petits oiseaux.

Les nichoirs

Autrefois, les oiseaux cavernicoles trouvaient dans les vieux arbres, ou dans les vieux murs de pierres, des cavités pour y faire leur nid. La suppression des arbres âgés, les constructions nouvelles leur pose un problème de logement ! Il faut donc les aider en installant  des nichoirs  artificiels, faciles à construire.

Une boite en bois non raboté, solidement construite en planche de 2 cm d’épaisseur, avec un toit incliné débordant en avant et sur les côtés, convient parfaitement. Le toit monté sur charnière permet un nettoyage annuel, avant février. Le fond de la boîte peut être percé de quelques trous (diamètre de 4 ou 5 mm), et garni de quelques fins copeaux de bois.

Le diamètre du trou déterminera l’espèce qui habitera le nichoir :

  • un diamètre de 27 ou 28 mm retiendra les petites mésanges,
  • un diamètre de 32 à 34 mm retiendra les mésanges charbonnières, le gobe-mouche noir,
  • un diamètre de 30 à 45 mm conviendra au rouge-gorge, à la sittelle.

Le centre du trou  sera placé à 20 cm de la base de la face.

On ne peut pas multiplier les nichoirs, et les disposer trop près les uns des autres : on n’attirerait alors que les moineaux.

C’est en observant les espèces d’oiseaux qui viennent au nourrissage que l’on connaîtra celle à qui l’on pourra proposer un nichoir ; inutile de prévoir un nichoir pour une espèce dont aucun oiseau n’aurait été observé. Le diamètre du trou sera déterminé par l’espèce qui aura été choisie. On aura avantage, dans la cour d’une école, à installer des nichoirs pour des espèces différentes.

Il faudra installer le nichoir en automne, face à l’est ou au sud, contre le mur, contre un tronc d’arbre, ou sur un piquet solide, entre 1 et 3 mètres de hauteur, et en l’inclinant plutôt vers l’avant que vers l’arrière.

Le repérage des emplacements par les oiseaux se fait avant le printemps. Dès qu’il sera occupé, de fin mars à juillet, il ne faudra plus s’approcher du nichoir, pour ne pas déranger l’oiseau couveur, ou la couvée.

Dès que les oisillons auront éclos, on pourra observer, de loin, leur nourrissage. Les jumelles seront alors des instruments précieux, pour voir les allées et venues des parents, la fréquence de leurs voyages, les différences du plumage entre le père et la mère, le nettoyage du nid par les mésanges (qui emportent pour le jeter au loin un petit sac blanc rejeté par l’oisillon), etc.

L’enfant ami de tous les oiseaux, et ami de la Nature

Il est facile de venir en aide aux petits oiseaux, dans la cour de l’école, ou dans son jardin. Cependant, les oiseaux plus gros ont aussi besoin d’être aidés et respectés.

Les oiseaux, parure de nos eaux, de nos forêts, et de nos campagnes, jouent un rôle très important dans l’équilibre de la Nature, en se nourrissant d’insectes de chenilles, de vers ou de rongeurs, pour les oiseaux rapaces.

L’enfant doit savoir qu’il ne doit jamais toucher à un nid. Son contenu  est précieux. Les œufs donneront naissance à des oisillons, qui plus tard perpétueront l’espèce. Le dénichage, qui était un jeu fréquent des enfants de jadis, est considéré aujourd’hui comme une sorte de crime ; il est d’ailleurs interdit.

Certains jeux sont actuellement estimés être des actes de cruauté, et ne sont donc pas permis: ce sont par exemple l’usage de la fronde, du lance-pierre, et la pose de pièges de toutes sortes.

Il est même une “distraction” d’adulte encore légale, mais de plus en plus contestée : il s’agit de la chasse. Devant les destructions inconsidérées et multipliées, la loi a du protéger beaucoup d’espèces d’animaux, et d’oiseaux en particulier. Mais, en France, on a toujours le droit de chasser, c’est-à-dire de tuer, les oiseaux d’eau en juillet et août, alors que la plupart des nids contiennent encore des œufs, ou que les petits ne peuvent pas voler et ont encore besoin de leur mère.

En France, on a le droit de tirer sur des espèces qui sont protégées dans leurs pays d’origine (les chevaliers, les bécasseaux…). Notre législation, dans ce domaine, est en retard sur celle des autres pays de la Communauté Européenne.

La Nature a besoin d’être défendue, préservée. Les oiseaux font partie de cette nature sauvage, qui est si menacés. Respecter les oiseaux, les aider à survivre, est un premier pas vers le respect de la Nature, et le respect de la Vie sous toutes ses formes.

Serge Boutinot, Professeur honoraire de Sciences naturelles
Dr Jean-Claude Nouêt, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris

Article tiré du dossier L’Animal et l’école (1989) et inspiré du GUIDE DU JEUNE AMI DES OISEAUX, édité par le ROC (Rassemblement des Opposants à la Chasse) AISNE et imprimé par les soins du Centre Départemental de Documentation Pédagogique de l’Aisne.

 

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