La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences a ouvert en septembre un concours visant a récompenser les trois meilleures copies du bac de Français 2018 composées sur le sujet suivant: « Vous êtes journaliste et vous cherchez à montrer qu’il est nécessaire de promulguer la Déclaration des droits de l’animal. Vous écrivez un article de presse, reprenant les caractéristiques du texte de Marguerite Yourcenar, et présentant des arguments variés sur un ton polémique. »
Voici le texte de notre 1re lauréate, Clarisse Chaillou.
« La Déclaration des droits de l’animal, une idée absurde ? »
Lorsque Olympe de Gouges a présenté sa Déclaration des droits de la Femme, elle a été moquée et humiliée. Cependant, elle savait qu’elle luttait pour une cause juste et noble. Elle était une pionnière, qui croyait fermement à ses idées, et qui savait que, même si elle ne le voyait pas de son vivant, son geste permettrait un jour de construire un monde meilleur. C’est avec le même état d’esprit que je tiens à défendre la nécessité de promulguer la « Déclaration des droits de l’animal ». Rédigée et adoptée par la Ligue international des droits de l’animal en 1977, puis proclamée solennellement par l’UNESCO en 1978, celle-ci n’a encore aujourd’hui aucune portée juridique. Pourquoi une telle aberration ? Pourquoi refuser aux animaux la considération qu’ils méritent ? Je me refuse à croire que la mentalité humaine soit si peu évoluée, pour que l’on puisse ainsi négliger une question si complexe et importante.
Tout d’abord, l’Homme semble ignorer qu’il doit aux bêtes une immense reconnaissance. Depuis plusieurs millénaires, l’animal aide l’Homme à vivre et à survivre. Il a su se montrer indispensable aux travaux des champs, et Dieu sait que le bœuf qui tire la charrue arrose autant la terre de sa sueur que le maitre qui sue derrière lui. L’Homme se sert à volonté dans les ruches, récolte les œufs de poules et le lait de ses vaches.
L’animal paie de sa vie pour offrir à son maître de quoi se nourrir. Les animaux sauvages ne sont pas en reste, maintenant l’équilibre de la nature, pour le plus grand plaisir de l’Homme. Si les bêtes n’agissent pas volontairement pour nous aider, à l’exception de quelques animaux domestiques, on ne peut néanmoins nier que leur présence soit indispensable à l’Homme, qui se doit en retour de les prendre en considération.
Cependant, depuis trop longtemps, l’Homme ne se gêne pas pour maltraiter les bêtes en tout genre, comme si la souffrance d’un animal était négligeable face au plaisir que l’Homme éprouve face à cette douleur. N’a-t-on pas toujours aimé parier sur des combats de coqs ou de chiens ? N’a-t-on pas toujours aimé tirer sur un chevreuil apeuré ? Ces vices se transmettent de génération en génération, au mépris de toutes règles. Pourtant, à la lecture de L’étranger de Camus, qui n’éprouve pas de répulsion devant le personnage du vieux Salamano, battant et insultant son chien à loisir ? Je crois que le temps est venu de poser des limites à cette débauche de violence, jusque-là trop peu dévoilée.
En outre, la cruauté envers les animaux entraine la cruauté envers les hommes. Qui nous dit que l’homme tirant sur des pigeons aujourd’hui, ne tirera pas demain sur une vache, après-demain sur un éléphant, et un mois plus tard sur un homme ? S’accoutumer à la violence ne peut rien apporter de bon. Pacifier les rapports entre l’Homme et l’animal ne pourra avoir que des répercussions bénéfiques sur les rapports entre les hommes.
Dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous permettre de négliger la cause animale. La planète est polluée, surpeuplée, saturée. L’Homme va plus que jamais avoir besoin de s’unir aux bêtes pour vivre sur la Terre. Le combat pour la survie qui s’amorce aujourd’hui va nécessiter une grande harmonie entre tous les êtres vivants. Il est nécessaire que l’Homme mette en place une politique de respect entre lui et l’animal, d’où l’importance de la reconnaissance des droits des animaux.
Une déclaration des droits des animaux permettrait d’éveiller les consciences des générations à venir, pour créer un monde meilleur. Il ne s’agit pas de remettre à plus tard un travail aussi important. Il est de notre devoir de montrer à nos enfants que les animaux ont leur dignité, leur droit à la vie et au bonheur tout comme nous. Demain, on pourra voir naître des hommes plus ouverts et sensibles, grâce à une simple déclaration. Si nous apprenons que toutes les créatures sur Terre ont des droits, dès le plus jeune âge, nous serons sûrement des êtres plus pacifistes, et l’Histoire n’en sera que moins sanglante.
Enfin, j’ose faire appel en dernier lieu à ce qui me semble être une évidence : les sentiments et la sensibilité humaine. L’Homme et l’animal entretiennent depuis toujours un lien étroit. Les histoires extraites de notre patrimoine littéraire sont là pour nous le rappeler. Homère, le célèbre aède grec, ne disait-il pas que le chien d’Ulysse avait attendu le retour de son maître bien-aimé pour pousser son dernier soupir ? Le jeune héros d’Hector Malot dans Sans famille, n’était-il pas accompagné par ses fidèles chiens et son singe, prêt à mourir pour lui ? Toute personne ayant connu un jour l’amitié et la fidélité d’un animal, ne pourra douter de la sensibilité de ces êtres, et de l’importance d’une Déclaration certifiant leurs droits.
Je vous défie de rester de marbre face à la souffrance animale. Repoussez, si vous le souhaitez, cette opportunité qui s’offre à vous d’améliorer encore un peu le monde. Mais, si vous avez le courage de défendre la justice, si vous êtes prêt à faire votre possible pour que le monde de demain soit meilleur, alors suivez l’exemple de nos plus illustres penseurs, tels que Montaigne, Rousseau, Voltaire ou Marguerite Yourcenar, qui ont affirmé l’importance de la cause animale. Certes, la Déclaration des droits de l’animal ne réglera pas tous les problèmes. Mais c’est un pas à franchir pour préparer – ou du moins contribuer à préparer- des lendemains qui chantent.
Clarisse Chaillou
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