Adapter l’animal ou l’élevage ? (Panneau 12)

Atteintes au bien-être animal et enrichissement. Un environnement pauvre et une forte densité d’animaux peuvent provoquer des comportements indésirables, comme le cannibalisme : les porcs mordent au sang la queue ou les oreilles des autres porcs, les volailles piquent du bec leurs congénères jusqu’à les déplumer, voir les tuer. Comment pallier ces problèmes ?

ADAPTER L’ANIMAL AUX CONTRAINTES DE L’ELEVAGE

Afin d’empêcher le développement de réponses négatives aux conditions d’élevage, certaines procédures dommageables ou mutilations sont réalisées sur les animaux. Bien souvent, la douleur de l’animal n’est pas prise en compte.

Justifications :

Mutilations élevage
  • Castration : diminue l’agressivité entre les individus et les risques d’odeur désagréables dans la viande
  • Écornage : facilite les manipulations, réduit les risques de blessure et facilite l’utilisation de dispositifs bloquants (cornadis)
  • Caudectomie : diminue les souillures, réduit les risques de caudophagie et de myiase (vers)
  • Épointage/ débecquage : évite le picage ou les morsures des congénères (cannibalisme)
  • Dégriffage : évite les blessures entre individus chez les canards ou dindes en particulier

Outre ces mutilations, d’autres pratiques atteignent gravement le bien-être des animaux, dont :

Le gavage des canards et des oies pour l’obtention du foie gras

Afin d’obtenir un foie de taille suffisante, de grandes quantités de nourriture doivent être ingérées par les palmipèdes, en un temps très court (quelques semaines). Pour ce faire, l’aliment est poussé par force dans le gosier grâce à une sorte d’entonnoir. Outre les blessures dûes aux manipulations, leur foie se surcharge de graisse. Ils mourraient de cette stéatose hépatique s’ils n’étaient abattus juste avant pour récupérer leur foie et leur viande (magrets…).

L’élimination des poussins

Dans certaines filières spécialisées, un seul sexe est utilisable (femelles pour la ponte des œufs notamment). Les animaux de l’autre sexe sont tués peu après la naissance, y compris par broyage des animaux vivants. Des alternatives sont en développement. Le gouvernement français a annoncé l’interdiction du broyage des poussins mâles en 2022.

L’immobilisation des truies pendant l’allaitement

Les truies produisent aujourd’hui près de 15 petits par portée, soit environ 7 de plus qu’il y a 50 ans. Elles possèdent 12 à 14 pisfonctionnels. Cette prolificité exceptionnelle s’accompagne d’une plus grande mortalité des porcelets, et d’un grand nombre d’écrasements par la mère. Celle-ci est donc encagée pendant la phase d’allaitement, sans même pouvoir se retourner, pour réduire le risque d’écrasement. Certains pays, comme la Suisse, la Norvège et la Suède, ont déjà interdit cette pratique.

ADAPTER L’ÉLEVAGE À L’ANIMAL : ENRICHISSEMENT DU MILIEU

Les animaux sont intelligents et ont besoin d’être stimulés par un environnement varié et complexe pour ressentir des émotions positives. Des efforts sont donc faits pour « enrichir » leur environnement.

  • Quand elles ne sont pas encagées, les truies cherchent à construire un nid avant leur mise-bas. L’ajout de paille leur permet d’exprimer ce comportement et ainsi de réduire leur frustration.
  • Les porcs doivent pouvoir disposer de matériaux manipulables (directive de 2008). Trop souvent, des chaînes métalliques ou des ballons leurs sont proposés, mais, ils s’en lassent assez rapidement. Pour stimuler les porcs, le mieux est de les élever sur paille ou en plein air.
  • Les lapins en cage peuvent à peine se mouvoir. Utiliser des cages aménagées (plus larges, avec des objets à grignoter) est un plus, mais l’idéal est l’élevage au parc ou en plein-air.
  • Certains élevages de vaches laitières possèdent une brosse rotative, à laquelle elles se frottent pour prendre soin de leur peau et augmenter leur confort. Cela favoriserait même leur production laitière.

« Le bien-être tant physiologique que comportemental des animaux sensibles que l’homme tient sous sa dépendance doit être assuré par ceux qui en ont la garde. »

Article 3 de la Déclaration des droits de l’animal

Un échec total : les cages à poules

Depuis 2012, les cages à poules pondeuses sont dites « enrichies » : la poule, animal curieux et social, n’a droit qu’à une surface de 750 cm² pour vivre, soit à peine plus qu’une feuille format A4, avec un nid, un perchoir et une litière à picoter (directive de 1999). Cette modification a coûté très cher aux producteurs par un bénéfice dérisoire pour les animaux.

à retenir

L’augmentation de la productivité et des conditions de vie inappropriées donnent lieu à des pratiques non respectueuses de l’animal (mutilations…). Pour leur bien-être, l’élevage devrait s’adapter aux animaux.

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