Kipster: l’élevage de volaille du futur?

© Tim Robinson, Eurogroup for Animals

Le 19 février 2019, nous avons eu l’occasion de visiter la ferme Kipster, basée à Castenray aux Pays-Bas. Cette visite était organisée par Eurogroup for Animals, collectif d’ONG européennes dont la LFDA est membre. Kipster est un élevage de poules pondeuses en activité depuis septembre 2017 et qui a pour but de produire des œufs en respectant l’environnement et en garantissant une bonne qualité de vie aux oiseaux.

Les œufs vendus sont d’ailleurs certifiés par le label bien-être animal hollandais « Beter Leven » (3 étoiles sur 3) car l’élevage des poules répond aux normes requises : plus d’enrichissement du milieu (rondins pour se percher…), pas de débecquage (réalisé de façon routinière dans beaucoup d’élevages pour éviter que les oiseaux ne se piquent entre eux) et une moindre densité.

Ruud Zanders, l’un des quatre co-fondateurs de la ferme, est issu d’une famille d’éleveurs de poules pondeuses. Après avoir géré une entreprise comptabilisant 8 millions de poules par an, il a été contraint de mettre la clé sous la porte dans les années 2000. Il a alors choisi de repenser l’élevage de poules pondeuses de manière à sortir de la production « à grande échelle et à bas coûts » qui, selon lui, répond aux exigences sociétales des années 1950, et non à celles d’aujourd’hui.

© Tim Robinson, Eurogroup for Animals

Ainsi, pour répondre aux attentes de notre société, la ferme Kipster privilégie le bien-être et la santé des poules, ainsi que la réduction de l’impact environnemental de l’élevage. Les 24 000 poules pondeuses vivent dans un élevage d’une surface de 3 600 m² à laquelle s’ajoute 1 800 m² de jardins extérieurs sur les deux longs côtés de l’établissement. La surface intérieure comprend :

  • des couvoirs sur les côtés, sur lesquels les poules déposent les œufs qui sont récoltés automatiquement ;
  • un jardin intérieur au milieu, rempli d’enrichissements tels que des petits arbres plantés dans des gros pots, des troncs d’arbres, etc., sur lesquels les oiseaux peuvent se percher.

Le toit étant uniquement vitré, le jardin intérieur bénéficie de la lumière du jour et ne nécessite pas d’éclairage artificiel. Les oiseaux ont la possibilité de gratter la litière faite de copeaux de bois et de brindilles, ainsi que de prendre des bains de poussière. Un dysfonctionnement de ventilation, non résolu lors de la visite, a engendré une concentration assez importante de poussière, comme on le voit sur les images. Le problème devrait être résolu rapidement.

© LFDA

Les jardins extérieurs (180 m x 10 m de part et d’autre du bâtiment principal) sont constitués de cailloux et de sables et sont enrichis de la même manière qu’à l’intérieur (troncs, arbustes…). Les poules y ont habituellement accès toute la journée, mais une restriction pour cause de grippe aviaire est en cours actuellement. Malgré le soin apporté à la réalisation de ces parcours extérieurs, on peut regretter l’absence d’herbe et une surface relativement limitée compte tenu du nombre important d’oiseaux, ce qui limite l’ingestion d’un aliment naturel riche et l’expression de comportement tels que la recherche et consommation de vers.

Les gérants ont répondu à d’autres attentes de la société. Par exemple, les poussins mâles ne sont pas « détruits » à la naissance mais sont élevés pour leur viande, pour l’instant hors de la ferme Kipster. De plus, les poules sont nourries en partie avec des restes de boulangerie (céréales, pain…) évitant ainsi de nourrir les animaux avec de la nourriture qui pourrait servir à la consommation humaine.

© Tim Robinson, Eurogroup for Animals

Sur le plan environnemental, la ferme utilise seulement de l’électricité qu’elle produit grâce à des panneaux solaires et a mis en place un système de réduction des émissions de fines particules.

Rappelons que cette ferme, même si elle exerce déjà une activité économique, en est encore au stade de l’expérimentation. Dans l’avenir, Ruud Zanders et ses collègues espèrent encore améliorer la vie de leurs poules pondeuses en ayant un caisson d’abattage à la ferme pour leur éviter le transport. Il souhaite également pouvoir ouvrir une autre ferme similaire pour élever les mâles pour leur chair, en suivant la même philosophie que pour les femelles.

Enfin, les fondateurs aimeraient que leur modèle de ferme soit exporté partout pour garantir de meilleures conditions de vie aux milliards d’oiseaux élevés en Europe et dans le monde chaque année. Affaire à suivre !

© Tim Robinson, Eurogroup for Animals

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