L’animal-objet, une conception en opposition au développement durable du « petit prince »

Le mensuel Nouvelles rive gauche n°338 de mai 2009, dans son dossier sur le développement durable, publie les réflexions de Georges Chapouthier (directeur de recherche au CNRS et vice-président de la Fondation Ligue française des droits de l’animal) sur la philosophie occidentale à ce sujet.

« La philosophie qui baigne l’Occident depuis près de trois siècles remonte à l’époque classique et aux écrits de Descartes? Pour Descartes, le corps est une machine, et en ce sens, ce grand philosophe fonde la biologie, qui analyse justement le corps comme un système matériel. Descartes ajoute que, à la différence des animaux, l’homme possède, outre son corps matériel, une âme, au sens chrétien du terme. C’est ce que l’on appelle le dualisme cartésien de l’âme et du corps. Cette position, souvent caricaturée par les successeurs de Descartes, aura beaucoup de conséquences négatives.

Pour l’animal, « dépourvu d’âme », elle conduira à la notion désastreuse d’animal-objet. Pour les rapports avec le monde qui nous intéressent ici la position cartésienne mal comprise a fait de l’homme (surtout blanc, mâle et occidental) le « petit prince » d’une nature sur la quelle il a avait tous les droits. Y compris celui d’en abuser. […]Les abus et les dégradations de l’environnement commis par le « petit prince » se sont manifestés dans tous les domaines : […] surexploitation des océans, disparition de nombreuses espèces animales et végétales, épuisement des ressources naturelles… A l’orée du XXI e siècle, il faut se rendre à l’évidence que la planète n’est pas inépuisable et que le « petit prince » ne peut plus y avoir tous les droits. D’où cette véritable révolution dans la pensée que constitue le « développement durable ». […] contraire à la philosophie qui a baigné notre civilisation depuis trois siècles ». […]

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