Quoi de neuf du côté des chasseurs ?

Voici quelques nouvelles des chasseurs depuis le début de l’année 2020.

Plus de répit pour le grand gibier… et les promeneurs !

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et plusieurs autres organisations de protection de la nature ont fait part de leur inquiétude au sujet d’un projet de décret sur « la maîtrise des populations de grand gibier et de leurs dégâts ». Ce décret, s’il est adopté par le gouvernement, prévoit la possibilité pour les chasseurs de dégainer le fusil à partir du 1er juin et ce, sans autorisation préalable. Jusqu’à présent, les chasseurs pouvaient déjà chasser le grand gibier (sangliers, cervidés) à partir de cette date mais sous réserve de posséder une « autorisation individuelle préfectorale de chasse anticipée ». Selon la LPO, en pratique, la majorité des chasseurs attend l’ouverture officielle de la chasse à la fin de l’été pour abattre du grand gibier. Malheureusement, ce décret pourrait inciter les chasseurs à chasser plus et quasiment toute l’année, et c’est d’ailleurs là son but. Les promeneurs risquent de ne même plus avoir l’été pour profiter de la nature sans risque de se faire tirer dessus.

Ce décret vise à réguler le nombre de sangliers et de cervidés qui ne cesse de croître en France depuis quelques décennies. Ces espèces sont réputées néfastes pour l’agriculture car elles engendrent des dégâts aux cultures qui sont coûteux. Seulement voilà, la chasse au grand gibier n’a jusque-là pas permis de faire diminuer la pression de ces espèces. Au contraire, cette activité mortifère est même à l’origine de l’accroissement des populations de sangliers et chevreuils… En effet, il y a plusieurs décennies, non contents de ne plus trouver assez d’animaux sur lesquels tirés, les chasseurs ont entrepris de développer les populations de ces espèces, notamment le sanglier, par divers moyens : l’élevage et le lâché d’animaux, l’agrainage (nourrir les animaux pour les appâter et entretenir les populations), le croisement avec des cochons pour obtenir des portées plus prolifiques, la préservation des laies…

Bref, la stratégie du gouvernement est de favoriser la chasse qui a pourtant prouvée son inefficacité. On soupçonne que l’ouverture à la consultation du public de ce décret au mois de février était en lien avec les élections municipales prévues pour le mois de mars. On chouchoute les chasseurs, comme toujours…

La LFDA approuve et soutient les mesures proposées par la LPO : interdire l’agrainage, l’élevage et l’importation d’animaux de ces espèces, repenser le modèle agricole intensif qui ronge l’espace laissé à la vie sauvage, et enfin, favoriser le retour d’un prédateur naturel de ces animaux tel que le loup.

Braconnage à tout va !

Pas de répit pour les animaux d’espèces chassables, mais également pour ceux d’espèces protégées. En voici quelques exemples parmi tant d’autres.

Au début de l’année 2020, deux aigles de Bonelli, une espèce de rapace menacée d’extinction en France, ont été tués par des chasseurs dans le Gers et les Landes. Du plomb a été retrouvé à l’intérieur de leurs cadavres. L’espèce est classée sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme espèce « en danger ». Elle est donc protégée et, à ce titre, sa chasse est interdite, sous peine de délit passible de deux ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende.

Toujours en ce début d’année, deux lynx ont été retrouvés mort dans le Haut-Rhin et dans le Jura, dernier berceau de l’espèce en France qui ne compte qu’une centaine d’individus. De plus, de nombreuses femelles disparaissent depuis plusieurs années sans explication. Les chasseurs ne supportent pas la concurrence du lynx sur « leurs » proies.

Au mois d’avril, en pleine période de confinement en France, une buse variable, espèce également protégée, a été récupérée par un centre de soin à la faune sauvage en Charente. La buse était gravement blessée après avoir reçu deux plombs dans l’aile. Pourtant, le confinement s’applique également aux personnes détenant des armes de chasse.

Ah ! ce besoin irrépressible de tirer sur tout ce qui bouge…

Les chasseurs n’aiment pas être confinés

Le confinement imposé par le gouvernement à partir du 17 mars 2020 pour lutter contre la propagation du coronavirus Covid-19 n’a pas tout de suite été compris par les chasseurs. Cela n’aurait pas dû leur poser de problème, car la chasse est en principe terminée à cette période de l’année, mais il reste toujours quelques animaux à abattre pour une raison ou une autre, par exemple éviter les dégâts aux cultures.

Le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) a d’abord expliqué à ses troupes que la chasse individuelle était autorisée, muni d’une attestation de déplacement dérogatoire pour un motif lié à « l’activité physique ». Selon lui, le ministère de l’Écologie avait validé ce message. Mais cette mesure particulière pour les porteurs de fusils au mépris du risque de propagation du virus n’a pas plu à nombre d’entre nous, simples citoyens confinés et opposés au massacre d’animaux sauvages pour le loisir. Face à la polémique qui enflait, le gouvernement a fait marche arrière et le président de la FNC a finalement annoncé le 19 mars que la chasse n’était pas autorisée en période de confinement.

Pourtant, des chasseurs continuent à tuer des animaux. En effet, les préfets peuvent choisir d’autoriser la chasse dans des conditions spécifiques, y compris pendant la période de confinement. C’est le cas par exemple dans la Manche, pour tirer les corvidés qui détruiraient les cultures.

Des chasseurs et gardes-chasse ont même trouvé une nouvelle occupation : faire le travail des forces de l’ordre en période de confinement, c’est-à-dire patrouiller pour vérifier que les mesures de confinement sont respectées, en l’occurrence l’interdiction de se rendre dans les parcs, jardins, promenades, plans d’eaux, forêts, etc., et, dans le cas contraire, signaler aux forces de l’ordre les infractions. Cela a été le cas en Seine-et-Marne, où l’arrêté préfectoral du 3 avril a finalement été abrogé le 9 avril après une polémique sur la mobilisation de chasseurs pour faire respecter le confinement. La préfecture de Seine-et-Marne le reconnaît, l’arrêté du 3 avril avait été pris sur des « bases juridique s’avérant néanmoins fragiles » !

Le port d’une arme de chasse ne donne pas le privilège d’être au-dessus des lois.

Nikita Bachelard


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