Les poulets britanniques ont-ils eu chaud aux plumes ?

À l’heure où le gouvernement français fait un pas en avant et présente une stratégie bien-être animal pour ses animaux d’élevage (1), le gouvernement britannique a voulu se délester, lui, de ses codes bien-être animal officiels au profit des producteurs. Pourtant supposée progressiste et bienveillante à l’égard des animaux de tous poils et plumes, la Grande-Bretagne aurait concédé ici à l’industrie de l’élevage un cadeau en or massif.

Rappelons tout de même que ce cadeau est déjà, en France, entre les mains des producteurs. Selon The Guardian en date du 25 mars 2016 (2), les codes (réglementaires) sur le bien-être des volailles devaient être abrogés le 27 avril pour laisser place aux codes rédigés par le British Poultry Council qui représente la filière volaille britannique. Le gouvernement prévoyait de traiter les codes bien-être animal des filières bovines, ovines et porcines par la suite.

Les officiels britanniques justifiaient ce passage de relais par une difficulté croissante, en termes de ressources financières, à maintenir une mise à jour satisfaisante des codes en vigueur. Autrement dit, le gouvernement britannique n’aurait plus d’argent à consacrer à la rédaction et la réactualisation de ces codes et voudrait passer la relève aux producteurs eux-mêmes. Ceux-ci se sont défendu bien sûr de toute dégradation future des standards actuels, mais lorsque l’on est juge et parti, de telles déclarations n’ont évidemment aucune valeur.

Grâce à une mobilisation des forces politiques de l’opposition, des ONG britanniques et de leurs soutiens divers, le gouvernement est finalement revenu sur sa décision (3). Il faut dire que l’hermétisme et l’opacité des processus entourant cette transition était inquiétante. Les ONG étaient en particulier concernées par le risque d’affaiblissement des exigences des codes rédigées par les professionnels de l’élevage.

Peter Stevenson, conseiller politique en chef pour Compassion In World Farming (CIWF), avait exprimé sa crainte que les codes non réglementaires futurs n’auraient pas été aussi astreignants, par exemple, en matière d’amputation de la queue des cochons. Pour lui, « le travail du gouvernement est de maintenir l’équilibre entre les intérêts opposés. Ce n’est pas à l’un des partis prenants de décider, et le bien-être animal, la santé alimentaire et l’environnement ne doivent pas être soumis aux besoins de l’industrie. » Espérons que la France puisse en prendre de la graine.

Sophie Hild

  1. http://agriculture.gouv.fr/une-nouvelle-strategieglobale-pour-le-bien-etre-des-animaux 
  2. http://www.theguardian.com/lifeandstyle/2016/ mar/25/government-planning-to-repeal-animal-welfare-codes. Voir aussi la tribune de Philip Lymbery, directeur de CIWF : http://www.theguardian.com/commentisfree/2016/mar/31/animal-welfare-deregulation-farming-industry-liz-truss 
  3. http://www.bbc.com/news/uk-35992493

Article publié dans le numéro 89 de la revue Droit Animal, Ethique et Sciences.

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