La fin du broyage des poussins et de la castration à vif des porcelets prévue pour 2022

Dans une interview au journal Le Parisien publié dimanche 18 juillet 2021, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a confirmé la fin de l’élimination des poussins et l’arrêt de la castration à vif des porcelets pour 2022. La LFDA se réjouit de l’annonce de ces mesures demandées depuis longtemps par les ONG de protection des animaux.

Poussins
© Karim Manjra

Julien Denormandie confirme les annonces de son prédécesseur

En janvier 2020, Didier Guillaume, alors en poste au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, avait annoncé vouloir mettre un terme à l’élimination des poussins par broyage ou gazage à la fin de l’année 2021. Son successeur confirme donc ses annonces en déclarant qu’un projet de décret sera soumis au Conseil d’État d’ici la fin de l’été. Il imposera à tous les couvoirs de poules l’installation ou au moins la commande des machines permettant de détecter le sexe des poussins en incubation dans l’œuf, avant éclosion. Pour les machines commandées, elles devront être mises en service d’ici la fin de l’année 2022.

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Les mâles n’ont pas de débouchés dans la filière poules pondeuses car ils ne produisent évidemment pas d’œufs mais en plus, du fait d’une sélection axée uniquement sur cette production, ils produisent très peu de chair. Ils n’ont donc pas de valeur. À la naissance, les poussins sont triés par sexe, puis les mâles sont broyés en pleine conscience ou gazés. Ces techniques douloureuses pour les oiseaux sont dénoncées de longue date par la LFDA.

Des méthodes de sexage déjà utilisées en France

Il existe plusieurs méthodes de sexage dans l’œuf réparties en deux catégories :

  • Les méthodes spectrales : par exemple, la méthode par imagerie hyperspectrale consiste à analyser à l’aide d’une caméra la couleur des premières plumes du fœtus dans l’œuf, celles des femelles étant plus foncées que celles des mâles. Elle peut se pratiquer à partir du 13e jour d’incubation de l’œuf.
  • Les méthodes non-spectrales : par exemple, la méthode hormonale consiste à faire une légère incision dans l’œuf pour prélever du liquide permettant de doser une hormone propre au sexe de l’animal. Cette méthode invasive peut se pratiquer à partir du 9e jour d’incubation. Elle a la faveur de l’Allemagne, qui a d’ailleurs récemment voté une loi interdisant l’élimination des poussins mâles à partir du 1er janvier 2022.

Les deux exemples de méthodes sont d’ores et déjà utilisé par des couvoirs français.

Sexage in ovo : les points d’attention

La généralisation du sexage dans l’œuf est une avancée pour les animaux en France. Mais des points d’attention subsistent. Tout d’abord, le ministre n’aborde pas la question des cannetons femelles dans la filière palmipèdes gras. Les fabricants de foie gras n’utilisent pas de foie de cannes, jugé trop nervuré et trop petit. À l’instar des poussins mâles, les cannetons femelles sont donc généralement éliminées juste après l’éclosion par des méthodes identiques, alors même que des débouchés en viande pour les femelles existent.

La problématique des frères de poules qui n’auront pas été détectés par le sexage in ovo devra aussi être prise en compte. En effet, les technologies existantes possèdent une marge d’erreur, même si elle est faible (moins de 5 % pour les méthodes présentées). Il est fort probable que des œufs mâles éclosent. Quel sera le sort réservé à ces oiseaux ? Pour l’instant, il n’existe pas de circuit pour les valoriser, ils risquent donc d’être éliminés à la détection du sexe.

Castration des porcelets : appliquer la législation européenne

Porcelet s'apprêtant à être castré à vif
© Inra

Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a annoncé en plus l’interdiction de la castration à vif des porcelets au 1er janvier 2022. Cette pratique extrêmement douloureuse pour les petits cochons consiste à leur faire une incision dans le scrotum pour sortir les testicules et les couper sans médication pour atténuer la douleur. Elle est pourtant interdite de manière routinière par la législation européenne en vigueur depuis 12 ans. Ce qui n’empêche pas la plupart des éleveurs de continuer à la pratiquer. La castration permet de supprimer l’odeur de verrat qui se retrouve parfois dans la viande de porc entier (en moyenne 4 % des carcasses) et qui déplait au consommateur. L’odeur disparait à la cuisson et ne concerne donc qu’une partie réduite des produits du cochon. Il était grand temps que la France se mette en conformité avec la législation européenne.

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Perpétuer la castration : une fausse bonne idée

Le ministre assure que la majorité des éleveurs feront le choix de ne plus castrer les porcelets. D’autres choisiront probablement de castrer les porcs après une anesthésie locale. Pourtant, la castration peut être évitée grâce à la détection de l’odeur des carcasses sur la chaîne d’abattage. Des producteurs ont déjà engagé une transition en ce sens.  Se passer de la castration profitera aussi bien aux porcelets, qui échapperont à ce sort peu envieux, mais aussi aux opérateurs, pour qui la manipulation n’est pas non plus leur moment préféré…

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