TRIBUNE. « Pour une relance économique intégrant la protection des animaux et de l’environnement »

Cette tribune parue dans le Journal du Dimanche le 9 mai 2020 et initiée par l’association Convergence Animaux Politique, dont la LFDA est membre, réunit 56 organisations de défense des animaux et/ou de la Nature dont la LFDA, 39 parlementaires (députés, sénateurs et eurodéputés), 22 personnalités publiques dont Louis Schweitzer, notre président, et 31 chercheurs dont notre administrateur Georges Chapouthier, neurobiologiste et philosophe, et le primatologue Cédric Sueur, membre de notre comité scientifique. Avec cette tribune, les co-signataires demandent au gouvernement que les aides apportées aux différents secteurs économiques soient conditionnées au respect du bien-être animal, à la préservation de la biodiversité et à la limitation des impacts environnementaux.

« Lors de son adresse aux Français du 13 avril dernier, Emmanuel Macron décrivait un moment de refondation, imposant plus d’ambition et d’audace pour faire face aux crises à venir, en retrouvant « le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone ». Nous, organisations de protection de la nature et des animaux, parlementaires, scientifiques et personnalités publiques, souhaitons nous inscrire dans cette démarche de refondation, en apportant des solutions pour une reprise économique allant dans le sens des progrès éthiques, écologiques et sanitaires. Nous faisons le choix de voir cette situation non pas comme une fatalité, mais comme l’occasion pour notre société de devenir meilleure et plus juste.

Concrètement, nous demandons que le plan de relance économique qui sera bientôt élaboré intègre pleinement la demande sociétale en faveur d’une plus grande prise en compte des animaux et de l’environnement, en conditionnant les aides, dans tous les domaines économiques concernés, au respect du bien-être des animaux, à la préservation de la biodiversité et à la limitation des effets négatifs sur l’environnement.

Repenser notre modèle agricole et alimentaire

Le Président de la République le disait, un des défis que nous devrons relever concerne l’indépendance agricole. En matière de bien-être animal et de durabilité, la compétition entre pays producteurs, notamment non européens, bloque depuis des années toute réelle avancée. Il est temps de repenser l’organisation de ce secteur en favorisant les produits européens et a fortiori français, notamment via la restauration publique et la mise en place d’une taxe sur les produits non européens moins vertueux, en échange d’un rehaussement significatif des normes d’élevage – interdiction des cages et des mutilations (caudectomie, castration à vif, limage des dents, écornage, etc.) – et d’un plan visant, à terme, la fin de tout élevage sans accès à l’extérieur.

La France doit défendre une réforme de la politique agricole commune en ce sens. Ce rapprochement géographique des producteurs et des consommateurs doit également passer par la réduction des temps de transport des animaux vivants et la fin de ces transports en dehors des frontières de l’Union, souvent vers des pays qui ne respectent pas les normes d’abattage européennes. Afin de valoriser les efforts auxquels consentiraient les éleveurs français et de répondre à la forte demande des citoyens consommateurs pour plus de transparence, un étiquetage obligatoire du mode d’élevage et d’abattage doit être mis en œuvre pour les produits laitiers et carnés, comme cela existe déjà pour les œufs.

Ces mesures permettraient aux éleveurs de mieux vivre de leur travail et de recréer de l’emploi dans des élevages extensifs. Un coût plus élevé pour des produits de meilleure qualité engendrerait une consommation moindre qui serait bénéfique en termes de santé publique. La disparition de l’élevage intensif permettrait de réduire les risques épidémiques et liés à l’antibiorésistance. Rappelons ici qu’en France, l’écrasante majorité des animaux sont élevés en système intensif, à l’exception des filières bovines. Par ailleurs, une réduction de la consommation de produits animaux aurait un effet positif majeur sur l’environnement. L’élevage induit aujourd’hui au moins 14,5% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et il est la première cause de déforestation dans le monde.

Soutenir l’économie tout en répondant aux attentes sociétales

Faisons de cette crise une occasion de faire mieux, collectivement, pour la protection de l’environnement et des animaux. Dans chaque domaine de l’économie ayant des effets sur ces derniers, le plan de relance peut permettre des avancées. Dans la recherche par exemple, dont la crise sanitaire actuelle nous rappelle l’importance ; la France est en retard sur le développement des technologies innovantes telles que les organoïdes ou les organes sur puce . Pour donner un avantage à la recherche française et afin d’épargner des millions d’animaux, une part importante des fonds alloués à ce secteur doit être expressément fléchée pour la recherche et le développement de méthodes substitutives à l’expérimentation animale.

Dans un autre domaine, les cirques sont particulièrement touchés par la crise actuelle et le resteront probablement pour de nombreux mois. Consultées depuis un an par le ministère de la Transition écologique et solidaire, les ONG ont unanimement demandé, comme 72% des citoyens , la fin de la captivité des animaux sauvages dans ces structures. Ce principe doit être la condition des aides octroyées. Les ONG et structures d’accueil feront tout leur possible pour répondre aux situations d’urgence et assurer la prise en charge des animaux, mais elles doivent avoir la garantie qu’ils leur soient cédés définitivement et qu’ils ne soient pas remplacés ensuite.

Enfin, citons les nombreuses organisations et refuges qui recueillent des animaux domestiques ou sauvages. Ils représentent des milliers d’emplois et évitent à la collectivité des problèmes environnementaux et sanitaires liés notamment à l’errance. Frappés de plein fouet par la crise actuelle, ils doivent bénéficier d’un soutien financier dans le cadre du plan de relance et être soulagés par un certain nombre de mesures, peu coûteuses et ayant déjà fait leurs preuves chez nos voisins européens : mise en place d’un permis de détention, stérilisation obligatoire des chats des particuliers, etc.

Ces quelques exemples n’ont pas vocation à être exhaustifs et nous nous tenons prêts à faire des propositions, dans un esprit de construction et de relance de l’économie, afin que le « monde d’après » soit meilleur que le « monde d’avant », tant pour les citoyens que pour les animaux. »

Liste des signataires :

56 organisations de protection des animaux et de la nature

Alliance Anticorrida — Alliance des Opposants à la Chasse — Animal Cross — Animal Justice et Droit — Animal Testing — Animalise  — Animalter — Antidote Europe — ASPAS — Association en faveur de l’abattage des animaux dans la dignité (AFAAD) — Association Justice Animaux Savoie — Association pour le Droit à l’Objection de Conscience en Milieu Universitaire (ADOCMU) — Association TERRE Lawrence Anthony — Association Végétarienne de France — AVES France — C’est Assez ! — Campaign Against Canned Hunting — CAP Loup — CIWF France — Code Animal — Collectif Chat 100% Stérilisation Obligatoire — Commission Condition animale EELV — Confédération Nationale Défense de l’Animal — Convention Vie et Nature — Convergence Animaux Politique — CRAC Europe — Droits Des Animaux — Éducation Éthique Animale — Ensemble pour les animaux — Ethics For Animals — Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas (FLAC) — Fédération européenne CREL — Fondation 30 Millions d’Amis — Fondation Brigitte Bardot — France Nature Environnement — Groupe thématique « Condition animale » de la France Insoumise — Humanisma — L214 Éthique et animaux — La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA) — Les Climat’Optimistes — Ligue Française pour la Protection du Cheval — Loup.org — One Voice — Parti animaliste — Paris Animaux Zoopolis — PETA France — Pôle Grands Prédateurs — Pro Anima — Rassemblement pour une France sans Chasse — Réseau Sentience — S’PECE — Société européenne d’éthologie vétérinaire des animaux domestiques (SEEVAD) — Société Nationale pour la Défense des Animaux (SNDA) — Société Protectrice des Animaux (SPA) — Sur les Traces du loup — Welfarm

39 Parlementaires

Aurore Bergé, Députée LREM des Yvelines — Manuel Bompard, Eurodéputé LFI Français — Céline Boulay-Espéronnier, Sénatrice LR de Paris — Pierre-Yves Bournazel, Député MODEM de Paris — Anne-France Brunet, Députée LREM de Loire-Atlantique — Samantha Cazebonne, Députée LREM des Français établis hors de France — Fabienne Colboc, Députée LREM d’Indre-et-Loire — Éric Coquerel, Député LFI de Seine-Saint-Denis — Éric Diard, Député LR des Bouches-du-Rhône — Loïc Dombreval, Député LREM des Alpes-Maritimes, docteur vétérinaire, Président du Groupe d’études Condition animale — Nicolas Dupont-Aignan, Député DLF de l’Essonne — Pascal Durand, Eurodéputé LREM Français — Caroline Fiat, Députée LFI de Meurthe-et-Moselle — Guillaume Gontard, Sénateur CRCE de l’Isère — Dimitri Houbron, Député LREM du Nord — Claudine Kauffmann, Sénatrice DLF du Var — Stéphanie Kerbarh, Députée LREM de Seine-Maritime — Joël Labbé, Sénateur EELV du Morbihan — Bastien Lachaud, Député LFI de Seine-Saint-Denis — Jean-Luc Lagleize, Député MODEM de Haute-Garonne — Jacques Marilossian, Député LREM des Hauts-de-Seine — Jean-Luc Mélenchon, Député LFI des Bouches-du-Rhône, Président du groupe LFI — Jean-Michel Mis, Député LREM de Loire — Claire O’Petit, Députée LREM de l’Eure — Matthieu Orphelin, Député LT du Maine-et-Loire — Anne-Sophie Pelletier, Eurodéputée LFI Française — Valérie Petit, Députée LREM du Nord — Florence Provendier, Députée LREM des Hauts-de-Seine — Loïc Prud’homme, Député LFI de Gironde — Hugues Renson, Député LREM de Paris, Vice-président de l’Assemblée nationale — Laëtitia Romeiro Dias, Députée LREM de l’Essonne — Laurianne Rossi, Députée LREM des Hauts-de-Seine, Questeuse à l’Assemblée nationale — Laurence Rossignol, Sénatrice PS de l’Oise, ancienne ministre — Frédérique Tuffnell, Députée LREM de Charente-Maritime — André Vallini, Sénateur PS de l’Isère, ancien ministre — Cédric Villani, Député LREM de l’Essonne — Corinne Vignon, Députée LREM de Haute-Garonne — Hélène Zannier, Députée LREM de Moselle — Michel Zumkeller, Député UDI du Territoire de Belfort

22 Personnalités publiques

Laurent Baheux, Photographe animalier — Christine Berrou, Humoriste — Allain Bougrain Dubourg, Président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) — Camille Brunel, Ecrivain — Gérard Charollois, Ancien juge — Hugo Clément, Journaliste — Hélène de Fougerolles, Actrice — Jean-Baptiste Del Amo, Auteur — Mylène Demongeot, Actrice — Armand Farrachi, Écrivain — Hélène Gateau, Journaliste — Marc Giraud, Chroniqueur animalier et écrivain — Grégory Guillotin, Comédien, youtubeur — Robert Hossein, Réalisateur, acteur — Arno Klarsfeld, Avocat — Vincent Message, Écrivain — Guillaume Meurice, Chroniqueur — Candice Patou, Actrice — Philippe Radault, Réalisateur — Louis Schweitzer, Président de La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences — Henry-Jean Servat, Écrivain, journaliste — Laurent Testot, Journaliste et essayiste

31 Scientifiques et chercheurs

Françoise Armengaud, Philosophe — Laurent Bègue, Professeur de psychologie sociale, Université Grenoble Alpes — Yves Bonnardel, Essayiste, chercheur indépendant — Pierre Brunet, Professeur de Droit public, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne — Béatrice Canel-Depitre, Maître de conférences, HDR en sciences de gestion — Georges Chapouthier, Directeur de recherche émérite, CNRS — Marie Charpentier, Directrice de recherches, CNRS en biologie évolutive — David Chauvet, Docteur en droit privé et sciences criminelles — Émilie Dardenne, Maîtresse de conférences en Anglais et études animales, Université Rennes 2 — Philippe Devienne, Vétérinaire et docteur en philosophie — Samuel Ducourant, Doctorant en histoire et philosophie des sciences, ENS — Julien Dugnoille, Senior Lecturer in Anthropology, University of Exeter — Romain Espinosa, Chercheur en économie, CNRS, CREM, Université Rennes 1 — Cécile Huchard, Enseignante-chercheuse en littérature — Élise Huchard, Chercheuse en éthologie — Pierre Jouventin, Directeur de laboratoire, CNRS, écologie animale — Renan Larue, Chercheur en lettres modernes — Arthur Keller, Ingénieur, systémicien — Frédéric Lenoir, Philosophe et sociologue — Joël Lequesne, Psychologue clinicien — Marine Lercier, Doctorante en droit global et sécurité humaine, Université autonome de Barcelone — Jean-Pierre Marguénaud, Agrégé de droit privé et sciences criminelles, Directeur de la Revue semestrielle de droit animalier — Marie-Claude Marsolier-Kergoat, Chercheure CEA/MNHN — André Ménache, Chirurgien vétérinaire et zoologiste — Jean-Marc Neumann, Chargé d’enseignement en droit de l’animal à l’Université de Strasbourg — Corine Pelluchon, Philosophe — Emmanuel Picavet, Professeur de philosophie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne — Estiva Reus, Économiste — Jean-Paul Richier, Psychiatre, Fondateur du collectif PROTEC — Pablo Servigne, Ecologue, chercheur indépendant — Cédric Sueur, Maître de conférences à l’université de Strasbourg

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