Les nouveaux programmes d’enseignement moral et civique (EMC) ont été publiés le 13 juin 2024 à la suite d’une phase de consultation des parties prenantes par le ministère de l’Éducation nationale. La LFDA y avait participé pour rappeler que les modules de sensibilisation au respect des animaux de compagnie prévus depuis 2021 par la loi contre la maltraitance animale n’étaient toujours pas intégrés au cursus. La version finale des programmes a été modifiée pour y mentionner l’éthique animale.
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L’éthique animale fait son entrée dans les programmes
C’est une avancée notable dont il faut se réjouir. Le programme d’EMC du CP, qui entrera en application à la rentrée 2024, s’est vu complété de l’axe d’apprentissage « Aborder la question du respect dû aux animaux de compagnie » dans le cadre de la compétence « Les règles collectives et l’autonomie ». Dans ce cycle, les enseignants sont plus largement invités à initier les élèves « à la distinction entre propriété personnelle et collective » et à les aider « à comprendre le respect qui est dû à l’environnement et au vivant, des espaces familiers aux espaces plus lointains, qui sont des biens communs ». Le programme indique également que le CP constitue une étape dans le renforcement d’une « première acquisition des exigences du respect d’autrui et de la vie en société ». L’éthique animale intervient alors davantage comme passerelle pour acquérir des compétences psychosociales et prosociales essentielles qui bénéficient tant aux humains qu’aux autres animaux.
Un enseignement qui bénéficie à tous
En décembre 2023, la LFDA avait réuni chercheurs, enseignants, représentants de l’Éducation nationale et acteurs de la société civile lors de son colloque « Connaître et respecter les animaux : un enjeu pour l’Éducation nationale ». Cette journée avait mis en lumière l’importance de l’animal dans le développement de certaines qualités chez les jeunes, comme le sens de la responsabilité et le respect de l’altérité. Les animaux exercent sur nous, en particulier dans le plus jeune âge, un attrait qui vient de notre besoin naturel de comprendre le monde vivant qui nous entoure. C’est une affinité innée dont il faut profiter pour développer chez l’élève des qualités et des attitudes positives pour la vie en société. En comprenant que l’animal a des intérêts propres, l’élève apprend à tolérer la différence. Il pourra développer de la compassion à son égard et l’appliquer à autrui.
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Consciente des apports d’un tel enseignement, la Fondation s’est saisie de cet enjeu dès sa création. Elle a édité plusieurs dossiers destinés aux différents acteurs de l’Éducation nationale et a enjoint les gouvernements successifs à veiller à l’enseignement du respect des animaux, de leur sensibilité et de leurs droits (article 7 de la Déclaration des droits de l’animal). Plus récemment, le travail de sensibilisation mené auprès de Gabriel Attal et de Nicole Belloubet, ministres de l’Éducation nationale, ainsi que de la direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) semble avoir porté ses fruits.
L’objectif n’est pas encore rempli
Ce module se contente de mentionner les seuls animaux de compagnie (comme le veut la loi) et de les intégrer dans la notion de « biens communs ». Cela conforte la manière dont l’animal est d’ores et déjà présenté dans les autres matières. Ainsi, il est soit considéré dans sa seule relation avec l’humain dans une vision utilitariste, soit à l’inverse comme faisant partie du grand tout de la « biodiversité ». Cette approche conforte une vision anthropocentrée de l’animal qui ne permet pas d’appréhender les relations humain-animal sur des bases éthiques et scientifiques complètes, à l’inverse de ce que propose la Déclaration des droits de l’animal par exemple.
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Dans la pratique, on pourrait imaginer que ce module soit l’occasion d’inviter les élèves à dépasser ces notions et à aborder ce qui fait aussi de l’animal un individu. En effet, non seulement le programme amène plus largement les enfants à faire l’apprentissage de leur propre individualité, mais la proximité qu’ils entretiennent avec les animaux de compagnie qui les entourent, généralement traités comme des membres de la famille à part entière, peuvent les aider à identifier les intérêts propres de leurs compagnons.
En revanche, au collège et au lycée, la sensibilisation au respect des animaux n’est pas prévue aussi clairement au programme d’EMC. Les animaux sont bien mentionnés dans celui de 3e mais comme illustration d’une forme de mobilisation citoyenne (ici la défense de la cause animale) et de 2nde à l’évocation du droit environnemental et du statut d’« objets de droit » qu’il confère aux animaux.
Il faut rappeler que le code de l’éducation précise que les modules d’EMC dédiés à la sensibilisation au respect des animaux doivent « présente[r] les animaux de compagnie comme sensibles et contribue[r] à prévenir tout acte de maltraitance animale » (article L312-15). En l’état, l’objectif n’est pas encore atteint. Il faudra attendre la prochaine mise à jour des programmes (la précédente datait de 2019) pour espérer se conformer à l’essence de la loi.
Léa Le Faucheur