Depuis le mois de septembre 2018, la Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences communique sur l’initiative citoyenne européenne (ICE) lancée par Compassion in World Farming pour mettre fin à l’élevage en cage. Pour rappel, la LFDA fait partie des quelques 150 ONG partenaires de cette ICE en Europe. Dans les numéros 100 et 101 de cette revue, nous avons abordé l’élevage des lapins et des cailles, majoritairement effectués en batterie. Dans ce numéro – le dernier avant la fin de l’ICE en septembre prochain – nous souhaitons rappeler quelles espèces animales d’élevage autres que les lapins et les cailles sont élevées en cage dans l’Union européenne (UE), et l’importance de se mobiliser pour que cela cesse.
© acceptfoto/iStock : Stalles individuelles de gestation et cage de maternité : pour obtenir jambons, saucissons ou toute autre délicieuse charcuterie, voici les conditions de vie de la majorité des truies-pondeuses en France. Les porcins sont des animaux hautement sociaux, intelligents et très curieux.
L’enfer des truies, poules, canards et oies
85 % des 12 millions de truies élevées en Europe chaque année connaissent l’enfer des cages plusieurs fois au cours de leur vie. En France, le pourcentage s’élève à 99 %. Les truies sont placées dans des cages de contention pendant 4 semaines au début de la gestation afin d’assurer une bonne implantation des fœtus. Elles n’ont pas la possibilité d’effectuer des comportements basiques tel que marcher, se tourner, interagir avec leurs congénères. Elles effectuent souvent des comportements anormaux comme mâchonner les barreaux de la cage ou boire excessivement, pour cause de frustration. Elles peuvent souffrir d’affaiblissement osseux et d’infections urinaires. Une semaine avant la fin de leur gestation, les truies se retrouvent à nouveau dans des cages, de mise-bas cette fois. Elles y resteront 5 semaines, le temps du sevrage de leur progéniture. Là encore, elles sont privées de leurs comportements naturels, ne peuvent pas faire de nid, avoir des échanges normaux avec leurs petits ou s’éloigner d’eux. Ce cycle de production se répète 2 à 3 fois pendant l’année.
Conformément à la législation européenne, les poules pondeuses élevées en batterie vivent entassées dans des cages dites « aménagées » depuis 2012. Ces cages leurs offrent des perchoirs (trop bas) et des zones de grattage (minuscules donc très peu utilisables). Elles disposent chacune d’environ 750 cm², soit l’équivalent de la surface d’une feuille A4 plus une carte postale. Ce surpeuplement les empêche de battre des ailes ou de courir. Elles ne peuvent pas non plus prendre des bains de poussière ou faire un nid, qui sont pourtant des comportements naturels. Cela engendre de la frustration qui les amène à développer des comportements anormaux. Le manque d’exercice fragilise leurs os et la promiscuité entraine un comportement agressif de picage, signe de nervosité. En Europe cette situation concerne plus de 50 % des 400 millions de poules pondeuses et en France, 65 % des 50 millions.
Dans l’UE, environ 40 millions de palmipèdes sont élevés pour la production de foie gras, dont 90 % de canards, et 10 % d’oies. La majorité est élevée en France. Les canards sont pour la plupart mis en cage pendant les deux dernières semaines de leur vie, afin d’être gavés. Ils disposent alors d’une surface individuelle équivalente à deux feuilles A4, ne leur permettant pas de voler, d’étendre leurs ailes, qui peuvent souffrir de plaies. La cage est grillagée, y compris au sol, et il n’y a pas de litière, ce qui peut provoquer des lésions aux pattes des oiseaux. Pendant cette période, les canards et les oies n’ont accès à rien d’autre que de l’eau, la nourriture leur étant administrée directement dans l’œsophage 2 à 5 fois par jour.
En finir avec de telles pratiques
Ces pratiques cruelles mais monnaie courante doivent être interdites. C’est la raison pour laquelle l’ICE pour une ère sans cage a été lancée. Une initiative citoyenne européenne est un dispositif officiel de l’UE qui permet de soumettre un texte à la Commission européenne, à la condition de collecter au moins 1 million de signatures dans au moins 7 pays membres de l’UE, en un an. Ce dispositif se rapproche d’un référendum car, si les conditions sont remplies, la Commission est obligée de se positionner sur le sujet. C’est donc un outil puissant pour les citoyens !
Pour signer, il faut être majeur et citoyen de l’UE. Pour prouver sa citoyenneté, et de la même façon qu’un vote référendaire nécessite une pièce d’identité, le numéro de carte d’identité ou de passeport est indispensable pour valider sa signature. Les données seront détruites dans un délai de 6 mois après la validation des signatures par la Commission européenne.
Nous avons dépassé le million de signature ! C’est fantastique. Cependant, à cause des risques de doublons, de formulaires mal remplis, etc., la Commission invalide généralement plusieurs centaines de milliers de signatures. Pour être sûr d’avoir un million de signatures valides, l’objectif final est d’en obtenir au moins 1,3 million. Nous en sommes à 1,1 millions. Nous avons créé l’exploit, tous ensemble, mais il ne faut pas relâcher nos efforts d’ici septembre pour atteindre cette nouvelle cible.
En France, nous avons récolté plus de 64 000 signatures, nous avons donc dépassé le quota minimal fixé par la Commission pour notre pays à 55 500 signatures. C’est une bonne nouvelle mais nous pouvons et nous devons faire mieux. Restons mobilisés jusqu’à début septembre pour mettre un terme à l’enfer des cages pour les animaux d’élevages !
Nikita Bachelard
Source : Compassion in World Farming, Pour une nouvelle ère sans cage. Pourquoi l’Europe doit cesser d’élever les animaux en cage, 2018, 27 pages.
Article publié dans le numéro 102 de la revue Droit Animal, Éthique & Sciences