Quelques curiosités scientifiques dans le monde animal

La science progresse et avec elle les connaissances sur le monde animal. Mammifères, poissons, oiseaux… n’ont pas fini de nous étonner, que ce soit par leurs facultés d’apprentissage, d’ingéniosité ou d’adaptation aux enjeux auxquels ils doivent faire face. Nous avons encore tant à découvrir sur les animaux.

Monde animal: le méliphage régent
Méliphage régent

Le grand cachalot s’est adapté pour échapper aux chasseurs

Une étude publiée le 17 mars dans la revue Biology Letters nous apprend que le grand cachalot, victime de la chasse à partir du XVIIIe siècle, avait finalement réussi à trouver une parade pour échapper aux baleiniers à partir du XIXe, et a transmis cette information aux générations futures. Les grands cachalots étaient victimes de la chasse pour récupérer leur huile et leur spermaceti*, utilisés pour divers usages, notamment les cosmétiques. Les cétacés auraient fini par comprendre que les techniques de défense efficaces contre leur principal prédateur, l’orque, n’étaient pas efficaces contre les baleiniers. Il leur fallait donc trouver une autre parade. Les grands cachalots du Pacifique Nord se seraient mis à nager rapidement et contre le vent, empêchant les bateaux de pouvoir les suivre. Grâce à cette technique, qu’en tant qu’espèce très sociable vivant en groupe ils auraient transmis à d’autres groupes de grands cachalots et à leur descendance, le nombre d’individus capturés aurait chuté de 58 % après quelques années de chasse dans la région au XIXe siècle. Malheureusement, les cétacés n’ont pas pu s’adapter face aux techniques de chasse du XXe siècle faisant appel aux navires à vapeur et aux harpons explosifs. S’ils ne sont en théorie plus chassés aujourd’hui, l’espèce est classée « vulnérable » par l’UICN.

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Une preuve de plus de l’intelligence des céphalopodes

Les chimpanzés et les corbeaux font partie des emblèmes de l’intelligence animale. Pourtant, ils seront peut-être bientôt détrônés par les seiches. Une étude publiée le 3 mars dans Proceedings of the Royal Society B, révèle que des seiches ont réussi haut la main un test d’intelligence au départ destiné à des jeunes enfants. L’étude montre que les seiches sont capables de patience pour obtenir une récompense meilleure que celle qui leur est offerte immédiatement, ce qui est un signe d’intelligence déjà démontrée chez des primates et des oiseaux. Dans l’expérience, les chercheurs ont appris aux seiches à reconnaître quand elles allaient recevoir une meilleure récompense (une crevette vivante) que celle qui leur était immédiatement offerte (une crevette morte). Une fois le concept appris, ils ont divisé les céphalopodes en deux groupes : le premier groupe avait accès à deux espaces, l’un accessible immédiatement avec la crevette morte et l’autre accessible au bout de 130 secondes avec la crevette vivante ; le deuxième groupe n’avait pas accès à l’espace avec la crevette vivante, seulement celui avec la crevette morte. Résultat, les seiches du premier groupe ont attendu l’accès au deuxième espace alors que les seiches du second groupe, sachant pertinemment qu’elles n’auraient pas accès à l’espace avec la crevette vivante, n’ont pas attendu. Les chercheurs sont impressionnés que des espèces si éloignées phylogénétiquement des primates partagent des caractéristiques cognitives communes.

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Chaque poisson a sa propre personnalité

Monde animal: épinoche
Epinoche © Gilles San Martin

Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant. D’après une étude publiée le 22 février dans la revue Ecology and Evolution, des chercheurs ont remarqué que parmi des petits poissons de l’espèce épinoche, chacun avait des traits comportementaux propres et les conserverait dans le temps, même après une modification simple de l’environnement. Ces comportements propres à chacun, comme des déplacements en rafale, ou au contraire un certain immobilisme, pourraient être synonymes de personnalité. En effet, les épinoches le plus souvent en mouvement et prenant des chemins plus directs s’avèrent être plus explorateurs et aventureux que leurs congénères.

Des oiseaux qui n’arrivent plus à chanter

Les méliphages régents sont des petits oiseaux originaires d’Australie. Comme de nombreuses espèces endémiques du pays insulaire, ils sont en danger critique d’extinction selon l’UICN. La chute du nombre d’individus entraine un cercle vicieux inattendu selon une étude publiée le 17 mars dans Proceedings of the Royal Society B. En effet, les jeunes oiseaux auraient de plus en plus de mal à apprendre à chanter, tout simplement parce que le nombre d’oiseaux adultes capables de leur apprendre a considérablement baissé. Résultat, ils ne parviennent pas à chanter aussi bien que nécessaire pour attirer des partenaires et se reproduire, réduisant ainsi encore la probabilité de survie de l’espèce. En comparant des chants de méliphages régents de juillet 2015 à décembre 2019 avec des chants enregistrés entre 1986 et 2011, les chercheurs ont remarqué des différences importantes dans les vocalises. D’après eux, 12 % des mâles enregistrés dans la période récente n’avaient pas appris de chants spécifiques à l’espèce et cela était corrélé avec des chances de reproduction réduites. Les chercheurs en déduisent que la perte de culture peut être considérée comme un indicateur d’une population en déclin.

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Les macaques préfèrent voler des objets de valeur

Il est des régions du monde ou les singes vivent au milieu des villes et survivent grâce à la proximité avec le monde des humains. C’est le cas notamment au temple d’Uluwatu à Bali, où les macaques crabiers ont adopté un comportement inédit : ils ne dérobent pas aux humains uniquement de la nourriture mais également des objets luxueux, qui leur permettent de faire du troc. Dans leur étude publiée le 11 janvier dans la revue Philosophical Transaction of the Royal Society B, les chercheurs expliquent avoir analysé les données d’observation des singes pendant 273 jours en 2015 et 2016. Ils ont retenu au total 84 vols, incluant 1084 objets dérobés, allant de contenants vides à des portefeuilles ou appareils électroniques. Ils ont également fait des tests de comportement avec 15 macaques juvéniles, sub-adultes et adultes, en leur offrant des choix d’objets différents. Les observations et les tests révèlent que les singes sub-adultes et adultes préfèrent les objets de valeur et sont plus enclins à négocier une certaine quantité et qualité de nourriture s’ils sont en possession d’un objet de valeur. Les chercheurs suggèrent que la population de macaques crabiers du temple d’Uluwatu sont capables de prendre des décisions basées sur l’économie et d’enseigner ce processus de décision à leur descendance. Mieux vaut garder ses effets personnels en sécurité !

Nikita Bachelard

* Aussi appelé blanc de baleine, il s’agit d’une substance contenue dans des cavités crâniennes de certains cétacés dont le cachalot.

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