Les timides avancées vers la fin de la corrida

La corrida perd chaque année en popularité : les citoyens affirment leur volonté de mettre fin à la corrida, les politiques prennent position contre cette pratique cruelle et des villes renoncent enfin à ces spectacles. Pourtant, les représentations continuent et cela malgré le contexte sanitaire.

La corrida provient de l’expression espagnole « corrida de torros », qui signifie course de taureaux. C’est un spectacle de tauromachie au cours duquel les taureaux sont mis à mort. Cette pratique d’un autre temps et cruelle s’exerce encore en 2021 en France, en Espagne, au Portugal ainsi que dans plusieurs pays d’Amérique latine principalement. Pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent contre ces spectacles. En France, 74 % des personnes interrogées souhaitent la fin de la corrida, selon un sondage IFOP de 2019. En Espagne, un sondage réalisé par Yougov pour le journal El HuffPost en 2018 affirmait que 52 % des répondants sont pour la fin de la corrida, contre 35 % favorables à son maintien.

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La corrida en France : le déclin

En France, la corrida est une histoire de « tradition ». Pour rappel, en 2016, le Conseil d’État avait annulé la décision d’inscrire la corrida au patrimoine immatériel de la France, bien que cette décision n’empêche pas cette pratique. La corrida est présente dans trois départements du sud-ouest et trois départements du sud-est de la France. Depuis 2005, l’organisation Alliance Anticorrida recense les villes qui ont renoncé aux spectacles de tauromachie et ainsi cessé de subventionner cette barbarie. En 2021, on compte 25 villes qui ont mis un terme à cette pratique.

À cela s’ajoute la perte de spectateurs toujours croissante d’année en année. Depuis 2006, les arènes se vident, ainsi que les écoles taurines destinées à apprendre aux enfants à devenir toréadors. Entre 2011 et 2018, les tristement célèbres arènes de Nîmes ont perdu 30 % de leurs spectateurs. Le contexte sanitaire lié à la Covid-19 a aussi joué contre les professionnels du secteur et leurs afficionados. En 2020, les représentations de tauromachies n’ont pu se tenir lors des traditionnelles ferias, causant des pertes économiques importantes pour le secteur.

Les prises de positions contre la corrida de la part des politiques sont aussi à noter. De plus en plus de maires, de députés français et européens s’engagent contre cette barbarie. La proposition de loi contre la maltraitance animale, adoptée à l’Assemblée nationale début 2021, ne mentionnait pas la corrida comme acte de maltraitance. Le député Éric Pauget a donc choisi de déposer une proposition de loi pour interdire les corridas en France, en espérant qu’elle serait reprise comme amendement dans le texte de loi sur la maltraitance animale. Le texte du député LR n’a à ce jour pas été ajouté mais renvoyé à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Cette proposition rappelle la décision de la Catalogne qui avait en 2010 interdit sur son territoire la corrida avant que cette décision ne soit finalement annulée.

Arles : un passe-droit scandaleux

Arles est l’une des principales villes où se déroulent les représentations de corrida. Le contexte sanitaire en France ne permet pas de réunir plus de 1000 personnes dans un lieu clos, la ville d’Arles a obtenu une dérogation grâce à la sous-préfète d’Arles et la préfète de Marseille permettant d’organiser une journée de corrida le 6 juin 2021, avec une jauge de spectateurs relevée à 3000 personnes. La saison des corridas est bien repartie pour cet été mais il est nécessaire d’avoir un pass sanitaire pour assister aux représentations. La ville d’Arles a là aussi bénéficié d’un passe-droit pour organiser sa corrida sans pass sanitaire.

La corrida, même en déclin, reste une pratique soutenue par l’État français grâce notamment aux subventions versées aux professionnels du secteur. Au sein même du gouvernement, certains ministres se revendiquent afficionados de cette pratique : on ne compte plus les déclarations du garde des Sceaux M. Éric Dupont Moretti à ce sujet.

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La LFDA continue son combat contre la corrida

La corrida est un acte de cruauté envers les animaux. Le droit français prohibe tout acte de cruauté envers les animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité, que l’acte soit effectué publiquement ou non (article 521 du code pénal). La corrida est un cas unique et une incohérence juridique profonde car elle bénéficie d’une dérogation au motif de « tradition locale ininterrompue ». Comme le disait Victor Hugo, « torturer un taureau pour le plaisir, pour l’amusement, c’est beaucoup plus que torturer un animal, c’est torturer une conscience. » Pour continuer à éveiller les consciences à ce sujet, la LFDA met toujours à disposition son dépliant « Découvrez la corrida ». D’ailleurs, le président de la fondation, Louis Schweitzer, a logiquement rejoint le comité d’honneur de la Flac – Fédérations des luttes pour l’abolition des corridas, aux côtés de nombreuses autres personnalités. Comme la majorité des Français, la LFDA souhaite que la corrida appartienne au passé.

Laëtitia Leray


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