Compte rendu de lecture: Ma poule, Brisson & Belle de Berre, 2014

Dominique Brisson et Pascale Belle de Berre, Éditions Cours Toujours, 2014

Dans le contexte actuel de productivisme effréné et d’élevage intensif, l’ouvrage Ma poule, de Dominique Brisson, se dresse comme un éloge à la simplicité. Il se compose de témoignages de propriétaires de poules que l’auteur, Dominique Brisson, a picoré çà et là, à travers la France. Ce sont trente saynètes du quotidien, à l’écriture simple et touchante, empruntes d’une douce nostalgie.

La poule y est présentée sous toutes les coutures : Nous y rencontrons bien évidemment la poule « pondeuse », mais aussi la poule « animal de compagnie », la poule « bête de concours », la poule sociétale, au sein de son poulailler, etc. Au fil des histoires, on se laisse tour à tour surprendre par les mystères de son comportement, puis amuser par son caractère bien trempé, et enfin attendrir par sa sensibilité.

On trouve également dans l’ouvrage des annotations en marge, nous renseignant sur la physiologie et le comportement du gallinacé ; on y apprend par exemple qu’une poule met en moyenne ¾ d’heures à pondre son œuf, qu’elle peut en pondre jusqu’à 300 par an, et que son espérance de vie, en liberté, peut atteindre 18 ans…

Qui l’eut cru ? De plus, le livre est magnifiquement illustré par les œuvres de Pascale Belle de Berre, dont « le coup de patte » n’est pas sans rappeler un certain Marc Chagall… Les visiteurs ayant assisté au salon du Livre 2016 à Paris ont pu avoir le plaisir d’observer son travail alors qu’elle « exécutait » une poule à la craie grasse. Pascale, très concentrée malgré le brouhaha de la foule, grattait précisément sa « poule » avec une lame pour lui donner du relief.

Sa technique du pastel « gratté » est ingénieuse et amusante, faisant immédiatement penser aux petits « pas de danse » d’une poule, grattant la terre à la recherche d’un vers… De bien heureuses poules donc, bien loin du triste sort des pondeuses en cage de l’élevage industriel  : agglutinées, débecquées, qui n’ont plus l’occasion d’exprimer leur nature. Que penser de ces «  mouroirs  » à pondeuses, où la poule est sacrifiée au nom du productivisme et de la rentabilité ?

Sommes-nous tous devenus fous ? Dominique Brisson, avec Ma poule, tente peut-être de nous rassurer. Grâce à son immersion dans l’authentique, elle nous invite à retrouver ce lien que nous avons perdu avec «  nos poules  ». Elle nous laisse entrevoir un espoir ; l’expression « ma poule » n’aurait pas encore perdu toute sa tendresse…

Christelle Houvenaghel

Article publié dans le numéro 89 de la revue Droit Animal, Ethique et Sciences.

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