L’avenir du cirque sera sans animaux sauvages

© FBB, la SPA, LFDA

Dénoncée depuis longtemps par les défenseurs des animaux, dont la LFDA, la présence des animaux sauvages dans les cirques est de plus en plus remise en question dans nos sociétés occidentales, y compris en France. Les médias ne sont pas avares d’articles traitant de manifestations à ce sujet, de procédures de saisie d’animaux, d’installations illégales des chapiteaux, etc. Des sondages ces dernières années indiquent qu’une majorité de Français serait favorable à une interdiction des animaux sauvages dans les cirques (1). La LFDA, la Fondation Brigitte Bardot et la SPA ont souhaité avoir des données plus poussées sur la perception du cirque par les Français. Elles ont voulu connaître l’avenir imaginé par les Français pour ce secteur d’activité. Ces informations sont précieuses pour faire prendre conscience aux politiques de l’évolution de la société sur ce sujet.

Un sondage sur la perception du cirque par les Français

Pour ce faire, nos trois organisations de protection animale ont commandé à OpinionWay une enquête d’opinion réalisée en ligne du 9 au 10 octobre 2019. Un total de 1027 personnes a répondu au questionnaire, correspondant à un échantillon représentatif des Français de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socio-professionnelle, de région et de catégorie d’agglomération.

L’enquête d’opinion portait sur trois grands axes :

  • les arts du cirque ;
  • les animaux sauvages dans les cirques ;
  • l’avenir du cirque.

Un attrait pour les arts du cirque

Le sondage révèle d’abord que 66 % des Français ont déjà assisté à un spectacle de cirque au cours de leur vie, mais ce chiffre tombe à 24 % pour ceux qui y sont allés dans les 5 dernières années et 10 % seulement au cours des 2 dernières.

Parmi ceux qui sont allés au cirque au cours des 5 dernières années, la moitié (49 %) est allé voir un spectacle sans animaux sauvages. Les motivations des spectateurs à aller au cirque sont diverses. Vingt-sept pourcents des personnes ayant assisté à un spectacle avec animaux sauvages y sont allés d’abord pour les arts du cirque et non spécifiquement pour les animaux sauvages, et 43 % pour cause d’opportunités promotionnelles ou d’invitations. Quant aux personnes ayant assisté à un spectacle sans animaux sauvages, la principale motivation citée est l’intérêt pour les clowns, acrobates et le cirque contemporain (34 %).

Sur les 38 % des personnes ayant assisté à un spectacle avec animaux sauvages parce que 1) cela fait partie selon eux de la tradition et 2) qu’ils aiment voir des spectacles avec animaux sauvages, seuls 10 % l’ont fait exclusivement pour la première raison et 1 % l’a fait exclusivement pour la deuxième raison.

Du côté de ceux ayant assisté à un spectacle sans animaux sauvages, ils sont 50 % à citer une motivation liée à l’absence d’animaux sauvages. 62% pourcents des personnes avec au moins un enfant de moins de 18 ans et fréquentant les cirques sans animaux sauvages choisissent délibérément ce type de spectacle par conviction.

Des inquiétudes sur la condition des animaux sauvages dans les cirques

Deux-tiers des Français (65 %) affirment qu’ils sont défavorables à la présence d’animaux sauvages dans les cirques, des chiffres similaires aux précédentes enquêtes d’opinion évoquées en introduction.

Les personnes interrogées ont globalement conscience des difficultés posées par la présence d’animaux sauvages dans les cirques, que ce soit en termes de condition animale, mais aussi de sécurité du public.

Leur opinion sur le bon ou le mauvais traitement des animaux sauvages dans les cirques est partagée : 49 % pensent qu’ils ne sont pas bien traités et 49 % pensent le contraire. En revanche, l’avis des Français est beaucoup plus tranché concernant les conditions de détention et de dressage des animaux sauvages :

  • 71 % pensent que les besoins biologiques des animaux sauvages ne sont pas respectés dans les cirques ;
  • 72 % estiment que les numéros réalisés par les animaux sauvages ne reflètent pas leurs comportements habituels et aptitudes naturelles ;
  • 74 % jugent que l’hébergement des animaux sauvages dans les cirques est incompatible avec les impératifs biologiques de leur espèce ;
  • 75 % expriment leur désaccord quant à la compatibilité des transport fréquents avec le rythme de vie et les comportements naturels des animaux sauvages.

En outre, 71% des répondants considèrent que le dressage implique un rapport de force et une contrainte sur l’animal. Des études ont montré que la violence envers un animal vue par des enfants pouvait avoir un impact négatif sur leur développement, en les traumatisant ou en légitimant à leurs yeux la violence générale envers des animaux, voire envers des êtres humains. Cela contribue à rendre légitime l’asservissement d’animaux sauvages auprès d’un public non averti. D’ailleurs, 43 % des Français estiment que la présentation de numéros avec des animaux sauvages peut avoir un impact négatif sur le développement psychologique des enfants.

De plus, 70 % des Français interrogés notent que la présence d’animaux sauvages dans les cirques représente un danger pour le public (2), mais également pour le personnel du cirque (3), ainsi que pour les animaux eux-mêmes (4).

Le cirque doit continuer son évolution

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Interrogées au sujet de l’avenir du cirque en France, seuls 28 % des personnes le voient avec des animaux sauvages. Parmi ceux favorables à leur présence dans les cirques, à peine la moitié (48 %) envisage l’avenir du cirque avec ces animaux.

Les Français sont 56 % à souhaiter une évolution des spectacles présentés par les cirques et 26 % à penser qu’il s’agit d’une tradition désuète à l’avenir incertain. Seuls 16 % estiment que le cirque n’a pas besoin de changer.

De plus, le cirque sans animaux sauvages semble avoir un avenir radieux. En effet, la moitié des Français (50 %) déclarent qu’ils iraient au cirque s’il n’y avait plus d’animaux sauvages, alors que seuls 10 % des répondants déclarent être allés au cirque ces deux dernières années. De même, 76 % des personnes ayant assisté à un spectacle avec animaux sauvage ces 5 dernières années se déclarent prêtes à aller au cirque même s’il n’y a plus d’animaux sauvages. C’est le cas également pour 69 % des Français pour qui la présence d’animaux sauvages était pourtant une motivation de fréquentation. En n’utilisant plus les animaux sauvages dans les spectacles, les professionnels du cirque perdront sûrement une partie de leur clientèle, mais devraient en parallèle en gagner une autre part plus importante.

Le gouvernement agira-t-il en fonction de cette évolution des mentalités ?

À la suite de la concertation ministérielle sur les animaux sauvages captifs, à laquelle la LFDA a activement participé, des mesures devaient être annoncées par le gouvernement dans le courant de l’automne, notamment sur le sujet des animaux sauvages dans les cirques. À la fin-janvier, les annonces se font toujours attendre.

Les demandes principales portées par nos ONG sont les suivantes :

  • l’interdiction de la détention d’espèces non listées dans l’arrêté du 18 mars 2011 sur les établissements de spectacles itinérants (y compris les ours avec les montreurs d’ours) ;
  • l’interdiction de la reproduction et l’acquisition de nouveaux spécimens ;
  • l’interdiction du dressage des animaux et du remplacement des animaux qui partent en retraite ;
  • la fin des subventions publiques pour les cirques utilisant des animaux sauvages ;
  • la liberté pour les communes de refuser la présence des cirques avec animaux sauvages pour des motifs de sécurité comme d’éthique.

Ces propositions réalistes tiennent à la fois compte des attentes sociétales et de la situation actuelle des cirques en France, qui sont nombreux et détiennent de nombreux animaux sauvages. Elles permettraient une transition pour que les professionnels renouvellent leurs spectacles et se séparent de leurs animaux dans les meilleures conditions. À moyen terme, la France ne compterait plus de cirques avec animaux sauvages sur son territoire.

Ce récent sondage est arrivé aux oreilles du gouvernement. Nous avons rencontré les conseillers environnement du Président de la République et du Premier ministre le 13 janvier dernier à ce sujet. Le gouvernement n’a plus qu’à adopter des mesures qui satisferont les attentes de la société.

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La ville de Paris ne veut plus de cirques avec animaux sauvages.
Le 15 novembre 2019, le conseil municipal de Paris a voté la fin de la délivrance d’autorisations d’occupation temporaire de terrains pour les cirques avec animaux sauvages. Cette décision doit entrer en vigueur en 2020. Le conseil municipal de la ville de Paris a également voté pour que l’État interdise la détention d’animaux sauvages dans les cirques et permette aux professionnels du cirques de se reconvertir.
L’interdiction pour les cirques avec animaux sauvages de se produire à Paris ne pourra pas s’appliquer au Cirque d’Hiver Joseph Bouglione, propriétaire du monument cirque d’hiver dans le 11e arrondissement de Paris. Mais pour les cirques qui souhaiteront se produire sur des terrains publics, ils devront signer une convention de partenariat imposant de ne pas détenir d’animaux sauvages.
La ville participera à la reconversion des cirques qui signeront cette convention en leur offrant une subvention de 50 000 euros sur trois ans. Elle montre ainsi l’exemple non seulement aux autres communes, mais surtout au gouvernement.
Paris fait désormais partie des quelques 400 communes qui se sont prononcées contre les animaux sauvages dans les cirques. Il était temps !

Nikita Bachelard

1. 67 % des Français sont favorables à l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques, selon un sondage IFOP de 2019 pour la Fondation 30 millions d’amis), comme en 2018. En 2020, on atteint les 72%.

2. Au mois de décembre dernier, une personne s’est faite happer le bras par un tigre alors qu’elle visitait la ménagerie d’un cirque. Elle a été gravement blessée. Cet accident n’est pas un cas isolé.

3. Par exemple, en mai 2017, un dresseur de félin s’est fait attaquer par un de ses lions en pleine représentation. Il a été gravement blessé à la tête et à la gorge.

4. En novembre 2017, la tigresse Mévy échappée du cirque Morenno-Bormann dans le XVe arrondissement de Paris a été abattue pour des raisons de sécurité.

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