Le zoo du Jardin des Plantes rénové aux frais du contribuable

Le Jardin des Plantes de Paris accueille le deuxième plus vieux zoo du monde : la Ménagerie du Jardin des Plantes. Créée en 1793, la Ménagerie possède les caractéristiques d’un zoo urbain : elle est en en plein centre-ville, dans le cinquième arrondissement de Paris, et les installations sont extrêmement étroites et vétustes. Pratique pour deux heures de divertissement, mais pas de quoi faire rêver petits et grands, en somme.

La rénovation de la Ménagerie

Pour redorer son image, le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), propriétaire de la Ménagerie, a décidé d’entreprendre des travaux de rénovation. En effet, les fabriques, ces petites constructions à caractère pittoresque qui décorent un parc ou un jardin, qui abritent les animaux, menacent de s’écrouler depuis de nombreuses années. Les rénovations ont commencé en 2014, avec la fabrique de la grande volière et celle des kangourous. Ont suivie deux autres fabriques, dont celle des chevaux de Przewalski, terminées en 2018, année où la rénovation des fabriques des takins, des bouquetins et des daims a démarré. La rénovation des huit autres devraient suivre dans les années qui viennent.

Les fabriques seront rénovées à l’identique. Certains animaux, comme les orangs-outangs, verront leur enclos s’agrandir légèrement. Pas de quoi s’enthousiasmer toutefois. L’espace total de la Ménagerie reste trop petit pour accueillir les animaux sauvages dans des installations décentes, sans parler du fait que la captivité ne permet pas la satisfaction de l’ensemble des besoins biologiques des animaux. Ces rénovations impliquent aussi le déplacement des animaux le temps des travaux, avec le stress lié au transport, au nouvel environnement, aux nouveaux congénères, etc. Cet hiver, le vivarium a fermé et les serpents ont été répartis dans divers parcs zoologiques en France et à l’étranger.

Ces rénovations s’étalent dans le temps, au fil des financements. Le budget s’avère important : entre 50 000 € et 300 000 € par fabrique. Les travaux terminés ont déjà coûté environ 300 000 €, et ceux lancés l’année dernière devraient atteindre près de 250 000 €. Des entreprises participent au financement, telle que ENGIE. Des particuliers décident également de contribuer à l’effort financier, par exemple en « parrainant des orangs-outangs ». Malheureusement, de nombreux autres citoyens participent à ce financement à leur insu, à travers leurs impôts. En effet, le ministère de l’Environnement alloue 300 000 € sur 3 ans au zoo. Ces fonds ne seraient-ils pas plus utiles pour agir concrètement en faveur de la biodiversité, à l’heure où un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction ?*

De plus, les dirigeants du MNHN admettent que le zoo n’est pas « parfait » (euphémisme !), mais ils estiment qu’il « permet de préserver des espèces en danger, les orangs-outangs en font partie ». Est-ce que, grâce à la Ménagerie du Jardin des plantes, les orangs-outangs ne seraient plus en voie de disparition en Asie du Sud-Est ? Nous serions ravis de l’apprendre si c’était le cas – ça ne l’est évidemment pas.

La LFDA dénonce la rénovation des zoos

La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences avait entrepris des actions dans le but de faire fermer la Ménagerie du Jardin des Plantes. Elle avait notamment dénoncé la dangerosité de la fosse aux ours, où les visiteurs risquaient de tomber s’ils se penchaient un peu trop pour voir le triste spectacle qui s’offraient à eux. Après des années de combat, les ours ont finalement été retirés de cette fosse en 2004. En 1979, la LFDA avait dressé un projet architectural de transformation de la ménagerie du Jardin des Plantes de Paris en ferme pédagogique. Ce projet était soutenu par une pétition signée des écoles municipales des quatre arrondissements limitrophes du Jardin.

Notre fondation a également dénoncé un projet de rénovation pour le Parc zoologique de Paris, également géré par le MNHN, qui a fermé en 2008 et aurait dû le rester définitivement. Sa rénovation a coûté des centaines de millions d’euros, bien plus que ce qui était prévu initialement, et ce au frais des contribuables ! Les dénonciations et avertissements multiples, notamment dans cette revue, n’ont pas empêché la réalisation des travaux. Malgré la nécessité d’effectuer au moins 1,5 millions d’entrées par an pour rembourser sa dette, la fréquentation décroit d’année en année. En 2018, officiellement, 516 000 visiteurs seraient venus au zoo – des administrateurs du parc estiment plutôt ce chiffre à 350 000 entrées. Les prévisions sont tombées à 400 000 pour 2019. Les animaux, eux, continuent d’endurer des conditions de vie carcérales.

Conclusion

Nous dénonçons la rénovation au frais des contribuables d’un zoo qui n’a plus sa place dans le Paris du XXIe siècle. Les animaux vivront dans des installations rénovées mais exiguës, les privant de liberté et donc de la vie qu’ils auraient méritée, et ce dans des buts soi-disant pédagogique et de préservation dont les effets sont franchement discutables. Fermons la Ménagerie du Jardin des Plantes !

Nikita Bachelard

* Voir l’article sur le rapport de l’IPBES dans la partie Science de ce numéro.

Article publié dans le numéro 102 de la revue Droit Animal, Éthique & Sciences

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