Les actions de la LFDA en faveur des animaux pendant la crise de la Covid-19

La crise du coronavirus est liée aux animaux. Dans ce cadre, la LFDA s’est associée à de nombreuses autres organisations de défense des animaux en France, en Europe et à travers le monde, pour défendre les intérêts des animaux et améliorer la relation que nous entretenons avec eux.

Le commerce d’animaux sauvages

Il semble que le coronavirus Sars-CoV-2 ait été transmis à l’humain par des animaux sauvages. Selon les scientifiques, les espèces réservoirs pourraient être les chauves-souris ou les pangolins. Ces espèces, et de nombreuses autres, que l’on croit très éloignées de nous, se retrouvent parfois dans les marchés de faune sauvage qui se sont développés depuis quelques décennies en Chine et ailleurs en Asie. Ils sont parfois mis en vente vivants pour être fraichement abattus devant les acheteurs qui souhaitent les consommer [1]. En Occident, on retrouve également des marchés, foires ou expositions avec des animaux d’espèces sauvages. Généralement, la finalité n’est pas la consommation alimentaire mais la détention en tant qu’« animal de compagnie » [2].

Le commerce d’animaux d’espèces sauvages peut avoir diverses finalités : la consommation, la détention par des particuliers ou des professionnels, le divertissement, etc. Peu importe la finalité, les problématiques sont les mêmes :

  • Mal-être car les animaux sauvages n’ont pas vocation à être détenus en captivité ;
  • Atteinte à la biodiversité par la mise en danger d’espèces menacées d’extinction ;
  • Risque sanitaire de développement de zoonoses ou autres maladies inter-espèces.

Dans cette optique, la LFDA a co-signé des courriers pour demander une meilleure régulation du commerce international d’animaux sauvages. Dans une lettre conjointe avec d’autres ONG en date du 11 février 2020, la Fondation a demandé au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) d’inciter les gouvernements à mettre un terme au commerce d’animaux sauvages et notamment à fermer les marchés d’animaux vivants, ainsi que de limiter la demande en animaux vivants pour la consommation alimentaire et toute autre finalité. En outre, le 6 avril 2020, une nouvelle lettre à l’attention de l’OMS a été co-signée pour demander l’interdiction des marchés d’animaux sauvages et une stricte limitation du commerce d’animaux sauvages. Le 15 mai 2020, plusieurs organisations dont la LFDA ont cosigné une lettre à l’intention de la Commission européenne pour demander que le durcissement de la réglementation sur le commerce d’animaux sauvages et la détention d’animaux sauvages par des particuliers soient inscrits dans la stratégie en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030. Cette stratégie a été dévoilée par la Commission le 20 mai.

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Le transport d’animaux vivants

Pendant la période de crise sanitaire, qui a conduit la plupart des pays à établir des mesures de confinement de la population, et pour les États membres de l’Union européenne (UE) à rétablir les frontières intérieures, il n’a pas été décidé de suspendre les transports d’animaux vivants en dehors des États. Pourtant, les mesures de confinement de la population ont conduit à un manque voire une absence de personnels chargés du contrôle de la protection des animaux pendant le transport. De plus, le rétablissement des frontières a entrainé un temps d’attente supplémentaire aux postes frontières, alors que les trajets sont déjà souvent interminables…

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Ainsi, en mars, avec d’autres ONG de protection des animaux, la LFDA a demandé à la Commission européenne et au Conseil européen des ministres de l’Agriculture de suspendre tous les transports d’animaux vivants en dehors des pays de l’UE et de limiter le transport d’animaux vivants à 8 heures au sein de l’UE. Le 8 mai, les ONG leur ont cette fois demandé spécifiquement d’arrêter l’exportation d’animaux vivants vers la Libye où les conditions d’abattage sont connues pour ne pas répondre aux standards européens, alors que la Cour de justice de l’UE l’exige. Malheureusement, ces demandes sont restées vaines.

Une relance économique qui respecte les animaux et la nature

L’évolution de l’épidémie de la Covid-19 en pandémie, les mesures de confinement strictes, le risque sanitaire, ou encore les rythmes de vie bouleversés, nous ont montré une fois de plus la nécessité de prendre soin de notre planète et de ses habitants, de quelque espèce soient-ils. Comme le souligne Louis Schweitzer, président de la LFDA, dans une vidéo publiée au mois de juin, « ce qui est vraiment important, ce sont des valeurs, c’est le bien-être de chacun d’entre nous, ce sont les relations sociales. C’est aussi le respect de l’environnement ; et c’est enfin, et c’est au moins aussi important que tout le reste, le respect des animaux ».

La crise sanitaire entraine une crise économique majeure. Un plan de relance sera adopté dans les prochains mois par le gouvernement pour faire repartir la machine économique. Il sera alors essentiel de tenir compte des leçons que nous a enseigné cette crise, qui est de ne plus maltraiter l’environnement pour des raisons économiques. La LFDA, dont son président, son administrateur Georges Chapouthier et Cédric Sueur, membre de son comité scientifique, ont tenu à soutenir une tribune initiée par Convergence Animaux Politique avec 55 autres organisations, 21 personnalités, 29 scientifiques et 39 parlementaires. Avec cette tribune parue dans le Journal du Dimanche du 9 mai 2020, les signataires demandent au gouvernement français que les aides apportées aux différents secteurs économiques pour faire face à la crise de la Covid-19 soient conditionnées au respect du bien-être animal, à la préservation de la biodiversité et à la limitation des impacts environnementaux.

En outre, à l’échelle internationale, la LFDA a cosigné un courrier en date du 28 mai 2020 à l’attention du Secrétaire général de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) et des membres de sa commission Tourisme pour leur demander d’interdire progressivement les activités touristiques impliquant du divertissement avec des animaux sauvages captifs. Le but est d’évoluer vers un tourisme plus éthique et qui évite des risques inutiles en étant en contact avec des animaux d’espèces sauvages.

La LFDA s’est aussi préoccupée des animaux sauvages captifs des cirques en France, qui ont connu des grandes difficultés pour prendre soin de leurs animaux à cause du confinement et donc d’une perte significative de revenus. En partenariat avec d’autres ONG, elle a pris contact avec le gouvernement pour s’assurer d’abord qu’un plan serait proposé pour venir en aide aux animaux, mais également que celui-ci s’accompagne d’une transition vers des cirques sans animaux sauvages. Le gouvernement a promis une aide de 19 millions d’euros pour les zoos, les cirques avec animaux et les refuges pour animaux sauvages captifs. À ce jour, nous attendons toujours des mesures gouvernementales pour permettre aux cirques d’évoluer progressivement vers des spectacles sans animaux sauvages.

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Conclusion

On entend parler du « monde d’avant » et du « monde d’après ». Pour que ces deux notions aient réellement un sens, alors le « monde d’après » devra se débarrasser des aberrations qu’autorisaient le « monde d’avant », c’est-à-dire un asservissement irresponsable de la nature et des animaux au profit de l’humain et de ses intérêts économiques. Cette crise nous montre que l’humanité aurait à gagner d’une relation plus harmonieuse avec les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages. C’est le message que porte la LFDA depuis 43 ans.

Nikita Bachelard


[1] Présentation par le Dr Peter J. Li, professeur associé de politiques d’Asie de l’Est à l’université Houston-Downtown et spécialiste des politiques chinoises pour Humane Society International, lors de la vidéoconférence de l’Intergroup du Parlement européen sur le bien-être et la conservation des animaux, sur le sujet : « COVID-19 pandemic: zoonotic diseases from wildlife trade & consumption and intensive livestock farming », 23 avril 2020.
[2] Arena, Phillip C., Steedman, Catrina & Warwick, Clifford. “Amphibian and reptile pet markets in the EU: An investigation and assessment”. Animal Protection Agency, Animal Public, International Animal Rescue, Eurogroup for Wildlife and Laboratory Animals, Fundación para la Adopción, el Apadrinamiento y la Defensa de los Animales, 2012, vol. 52.

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