Liberté pour les ours !

© Stéphanie Lefebvre / AVES France

La détention d’ours en captivité est autorisée en France, dans les zoos évidemment, dans les cirques également, mais aussi par des « montreurs d’ours », c’est-à-dire des dresseurs qui se promènent de commune en commune, souvent à l’occasion de fêtes « médiévales », pour produire un ours en spectacle. Pourtant, nous ne sommes plus au Moyen-Âge !

La situation des ours détenus par des montreurs en France

Neuf ours sont actuellement détenus par une poignée de montreurs en France. Ils sont trimballés de villes en villages, de fêtes médiévales en marchés de Noël, en passant par des événements privés. On les fait sauter dans des cerceaux, faire du toboggan, marcher en équilibre sur un fil tendu, danser… En période estivale, les animaux sont hébergés dans des camionnettes, dans lesquelles ils sont transportés tout l’été, pendant des milliers de kilomètres. En principe, ces conditions de détention ne sont pas compatibles avec la réglementation en vigueur en France, mais une dérogation existe pour les « établissements dont les périodes itinérantes n’excèdent pas quatre jours à compter du départ des animaux des installations fixes jusqu’à leur retour ». Se déplaçant tout l’été pour participer à des événements, les montreurs ne sont donc pas en infraction.

Les conditions de détention et de dressage sont en contradiction totale avec le bien-être des ours. Leurs besoins comportementaux ne sont pas respectés : par exemple, ils ne peuvent pas hibernés l’hiver pendant la période des fêtes de fin d’année. Ils sont dressés à effectuer des comportements qu’ils ne feraient pas à l’état naturel. Quelqu’un a déjà croisé un ours en forêt en train de faire du hula hoop ? Ils souffrent du stress lié au dressage et à la captivité. Plusieurs ont des stéréotypies, ces troubles obsessionnels compulsifs développés par les animaux sauvages captifs pour gérer leur stress. Ils sont également sujets aux blessures aux pattes notamment.

L’ours Micha et les espoirs des ONG de protection animale

© Stéphanie Lefebvre / AVES France

Cette année, le ministère de la Transition écologique et solidaire a organisé une concertation sur la captivité des animaux sauvages captifs dans les cirques, les delphinariums, les zoos et les élevages de visons pour la fourrure. Le groupe de travail sur les cirques, auquel la LFDA a participé, a été l’occasion d’aborder le sujet des montreurs d’ours, car les dresseurs louent parfois les numéros à des cirques, et parce que la réglementation applicable est la même. Les 10 ONG membres du groupe de travail ont demandé l’interdiction de la détention d’ours par des cirques et des montreurs.

À la suite de cette concertation, durant tout l’été, les associations AVES France et Paris Animaux Zoopolis ont suivi les montreurs, organisant des manifestations pour demander aux organisateurs ou aux mairies de renoncer aux spectacles d’ours. En septembre, AVES France a filmé l’ours Micha, détenu par des dresseurs, lors d’une fête de village. Il était mal en point. AVES France et la Fondation 30 millions d’amis ont fait procéder à des contrôles par des agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). À la même période, l’association One Voice a dévoilé une vidéo de Micha, en mauvaise santé, et des deux autres ours des propriétaires, Glasha et Bony, dans des quartiers d’hiver insalubres.

À la suite de ces actions signalées aux autorités, Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, a fait procéder à des contrôles de Micha et des installations des montreurs. Elle a décidé une interdiction immédiate de présentation au public de l’ours, ainsi que l’obligation de soins appropriés. L’ours a été placé dans un refuge, au moins le temps d’être soigné correctement de ses blessures aux pattes.

Peu de temps après, AVES France, Paris Animaux Zoopolis, la LFDA et 19 autres ONG ont envoyé un courrier à la ministre, la remerciant pour les mesures prises pour Micha, mais aussi lui demandant de saisir également Glasha et Bony et d’interdire la détention d’ours par des cirques et des montreurs. La ministre doit annoncer une série de mesures sur le bien-être de la faune sauvage captive cet automne. Nous avons l’espoir que l’interdiction des spectacles d’ours en fera partie.

Conclusion

En 2003, la LFDA avait édité un fascicule Liberté pour les ours !, un plaidoyer en faveur de l’interdiction des montreurs d’ours. Après avoir enquêté sur le dressage des ours « savants » en Bulgarie, la LFDA a publié ce dossier pour dénoncer le dressage cruel et les mutilations infligées aux animaux. Les ours détenus et exhibés sont contraints d’effectuer des comportements contre-nature. Ils sont humanisés, tournés en ridicule et surtout, privés de la liberté qui leur revient de droit. La LFDA ne renoncera pas à ce combat pour la fin des spectacles avec les ours et elle continuera à demander, avec de nombreuses autres organisations de protection animale, dont AVES France, l’interdiction des spectacles de montreurs d’ours. Espérons que la ministre agisse en ce sens.

Nikita Bachelard

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