La LFDA se mobilise pour la faune sauvage

Le 23 juin 2021, la LFDA a participé à un événement sur le thème de la faune sauvage en liberté organisé par l’association Convergence Animaux Politique (CAP), dont elle est partenaire. Devant une assemblée de députés, sénateurs et collaborateurs parlementaires, cette matinée a été l’occasion pour la fondation de demander la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur la chasse, de défendre une cohabitation avec les loups et d’annoncer la tenue de son prochain colloque.

Gérard Martin de Convention Vie et Nature et Nikita Bachelard de la LFDA lors de l'événement organisé par CAP © Michel Pourny
Gérard Martin de Convention Vie et Nature et Nikita Bachelard de la LFDA lors de l’événement organisé par CAP © Michel Pourny

Les animaux sauvages à l’état de liberté n’ont pas la même protection que les animaux sous la garde de l’humain. Cette incohérence juridique et scientifique est dénoncée de longue date par la LFDA. La fondation s’élève contre le sort réservé aux animaux chassés, souvent sous couvert d’un besoin de gestion de la nature, alors même que l’on a fait quasiment disparaitre les espèces prédatrices capables de réguler les populations de grand gibier.

Ainsi, la LFDA a décidé d’en faire le thème de son prochain colloque qui se tiendra en fin d’année 2021. En tant que partenaire de l’association Convergence Animaux Politique, qui fait le lien entre le monde politique et les organisations de défense des animaux, la LFDA a pu participer à un événement organisé le 23 juin 2021 sur le thème des animaux sauvages. Cet événement à destination des parlementaires a proposé des conférences sur la chasse (les chasses traditionnelles, notamment la chasse à courre, la chasse en enclos) mais aussi la cohabitation avec le loup et la libre évolution.

Doit-on chasser pour réguler la faune sauvage ?

La LFDA est intervenue deux fois en collaboration avec deux associations. En premier lieu, avec l’association Convention Vie et Nature, la fondation a sollicité auprès des députés et sénateurs présents une commission d’enquête parlementaire sur la régulation des espèces par la chasse. Cette commission d’enquête parlementaire aurait pour objectif de faire la lumière sur la mission de « protection et [de] gestion de la faune sauvage ainsi que de ses habitats » octroyée aux fédérations de chasse par l’article L421-5 du code de l’environnement. L’intérêt serait multiple :

  • évaluer si les populations d’espèces sauvages en France ont réellement besoin d’être « gérées », et si oui lesquelles ;
  • évaluer la façon dont les chasseurs s’acquittent de cette mission, pour quelle efficacité et avec quels impacts positifs et négatifs, aussi bien pour les écosystèmes que pour les espèces, la sensibilité des animaux, les activités humaines, etc. ;
  • analyser la possibilité, si la régulation s’avère nécessaire, de mettre en œuvre d’autres mesures, et particulièrement des mesures non létales, comme la réhabilitation des grands prédateurs, le contrôle de la fertilité, la pose de clôtures ou répulsifs, les corridors écologiques (passerelles par-dessus une autoroute par exemple), l’interdiction des lâchers d’animaux élevés pour la chasse, etc.

Comment cohabiter sereinement avec le loup ?

La seconde présentation réalisée en collaboration avec l’association AVES France s’est focalisée sur un des grands prédateurs présents en France : le loup. Selon CAP, c’est un sujet de préoccupation pour un certain nombre de parlementaires. Nos organisations ont rappelé le rôle écologique primordial du loup en tant que super-prédateur et ont fait un état des lieux de sa présence en France : 624 individus au dernier recensement par l’Office français de la biodiversité en 2021, répartis principalement dans les massifs alpins et provençaux, mais également dans les Pyrénées et dans le massif des Vosges. Nous avons bien sûr rappelé la législation afférente au loup et notamment sa stricte protection par la convention de Berne et par la directive européenne Habitats.

S’appuyant sur des données officielles, nous avons relativisé l’ampleur des dégâts commis par les loups qui attaquent des troupeaux, sans toutefois minimiser le préjudice moral et économique subi par les éleveurs qui perdent des animaux. Nous avons également dressé un inventaire des moyens de protection pouvant être utilisés par les éleveurs : clôtures électriques correctement installées et entretenues, fladry (corde à laquelle sont suspendus des bandes de tissu ou des drapeaux colorés, qui battent au vent), effaroucheurs sonores et visuels, présence de chiens de protection voire d’autres animaux comme les ânes et les lamas, présence d’un berger et regroupement nocturne.

Enfin, à l’aide de données scientifiques, nous avons soutenue qu’une cohabitation apaisée est possible entre les loups et les humains en France, sous réserve de prendre certaines dispositions :

  • financer plusieurs moyens de protection des troupeaux qui soient adaptés à chaque élevage ;
  • conditionner les aides financières et le remboursement des dégâts à une mise en œuvre effective et contrôlée de plusieurs moyens de protection ;
  • financer la recherche de solutions adaptées aux situations locales ;
  • lorsque des mesures de protection ne peuvent être mises en place au risque de dégradation de l’environnement, interdire l’élevage dans ces zones ;
  • limiter strictement la chasse dans les secteurs de présence du loup afin de ne pas lui faire concurrence sur ses proies naturelles ;
  • soutenir la labellisation de produits locaux fabriqués par des éleveurs qui acceptent la cohabitation avec le loup ;
  • promouvoir un écotourisme basé sur la présence du loup.

Conclusion

L’événement de CAP a rassemblé plusieurs ONG et 23 députés, sénateurs et collaborateurs parlementaires. Reporté depuis plus d’un an en raison de la crise sanitaire, il a permis un temps d’échanges en personne comme il n’y en avait pas eu depuis longtemps.

Nous espérons que les propositions de nos ONG auront été entendues. La LFDA ne manquera pas d’aborder à nouveau ces sujets lors de son colloque « Protéger et préserver les animaux sauvages en liberté » en novembre prochain.

Nikita Bachelard

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