Grâce à la loi du 30 novembre 2021, l’éthique animale doit désormais être enseignée aux élèves de primaire, collège et lycée.
C’est une idée maintes fois exprimée par les défenseurs de la cause animale : l’idée que seule l’éducation des enfants permettra de fondamentalement changer, à terme, les attitudes de la société en faveur des animaux. Car ce sont bien nos enfants, futurs citoyens de demain, qui seront à même de refonder la société sous de nouvelles bases, qu’on espère plus morales en général, et plus respectueuses des animaux en particulier.
Les enfants possèdent des émotions nombreuses (Filliozat, Au coeur des émotions de l’enfant; Comment réagir aux larmes et aux paniques, 2013) et souvent très portées sur les animaux qui les entourent (Paoli, Quand les animaux nous font du bien, 2022). En revanche, jusqu’à aujourd’hui, l’éducation en France ne visait pas à développer ces aptitudes et se fondait principalement sur des disciplines essentiellement abstraites et conceptuelles, comme les langues ou les mathématiques, qui, en retour n’encourageaient guère le développement de l’empathie, voire de l’altruisme. Même le recrutement dans des professions a priori altruistes, comme la médecine, était fondé sur des concours à base de langues et de mathématiques. Pour corriger cet état de fait, une éducation de la jeunesse, incluant des normes civiques et morales, serait particulièrement adaptée à l’amélioration de notre société, trop portée vers les valeurs purement intellectuelles (Chapouthier, Sauver l’homme par l’animal, 2020). Et dans cette éventuelle éducation morale, un souci pour le respect des animaux, pour leurs spécificités mentales et émotionnelles et pour leurs aptitudes à ressentir la douleur, devrait être inclus.
Or, grâce à l’action de l’association Éducation Éthique Animale, dont notre Fondation partage les vues, ce qui était jusque-là qu’une idée ou un souhait va sans doute devenir enfin une réalité concrète: dans le cadre d’une éducation civique et morale à venir dans nos écoles, le respect des animaux va enfin trouver place.
Pour obtenir ce résultat, l’association Éducation Éthique Animale s’est, depuis plusieurs années, rapprochée du ministère de l’Éducation Nationale et a proposé, dès 2018, d’insérer la question animale dans les programmes scolaires existants. Plusieurs parlementaires ont alors soutenu cette requête par des questions écrites au gouvernement et plusieurs propositions de lois en faveur des animaux ont été déposées et débattues, sans vraiment aboutir.
Tous ces efforts ont finalement abouti lors de la préparation de la loi n° 2021-1539 du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes. L’association Éducation Éthique Animale a proposé plusieurs modifications et amendements, dont certains ont retenu l’attention de députés et sénateurs, notamment pour la formulation finale de l’article 25 qui mentionne : « L’enseignement moral et civique sensibilise également, à l’école primaire, au collège et au lycée, les élèves au respect des animaux de compagnie. Il présente les animaux de compagnie comme sensibles et contribue à prévenir tout acte de maltraitance animale. », complétant ainsi l’article L312-15 du code de l’éducation.
Avec humilité, l’association Éducation Éthique Animale a qualifié ce succès d’« avancée modeste mais prometteuse ». Certes, c’est un début. Certes, il faudra voir comment ces nouvelles règles seront effectivement mises en œuvre par l’Éducation nationale. Certes, sur le fond, la loi ne concerne ici que les animaux de compagnie. Mais l’ouverture vers la sensibilité animale est ici clairement amorcée et on peut penser que, dans le cadre de discussions lors des cours, des questions plus générales, portant sur les animaux d’élevage ou sauvages et sur l’écologie, pourront trouver place dans cet enseignement.
Si bien que nous préférons saluer, comme elle le mérite, cette grande première et conclure en insistant sur son caractère effectivement très prometteur.
Georges Chapouthier
