Poules et poulets : des animaux bien perchés

Les poules et poulets sont des animaux qui aiment se percher. Il est important de leur offrir la possibilité d’exprimer ce comportement.

Poules et poulets : des animaux bien perchés

En 2016, 56 % des poules pondeuses étaient élevées dans des élevages concentrant plus de 50 000 individus, à une densité pouvant impacter négativement le bien-être. Les élevages intensifs impactent l’intégrité des poules en causant des problèmes d’articulations, de peau au contact d’un sol humide et souillé, du stress thermique (chaleur), une limitation d’expression de comportements normaux, l’exacerbation de comportements de peur ou anormaux (Riber et al., 2017).

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Afin de préserver le bien-être des animaux d’élevage, cinq « libertés » individuelles ont été établies : l’absence de faim, de soif et de malnutrition, l’absence de peur et de détresse, l’absence de stress physique et thermique, l’absence de douleur, de lésions et de maladies, et la liberté d’exprimer un comportement normal de l’espèce en question. Ce postulat, permettrait à l’animal de bénéficier d’un bien-être aussi bien physique que psychique.

Une perche à tendre aux poules pour leur bien-être

Il existe des moyens modifiant l’environnement des animaux afin de les stimuler et de leur permettre d’avoir des comportements propres à leur espèce. Il s’agit d’enrichissements.

En ce qui concerne les poules, les perchoirs représentent un véritable avantage pour améliorer leur bien-être, s’ils sont correctement construits. Les perchoirs consistent en des surfaces horizontales surélevées (suspendues, attachées aux grillages, sous forme d’échelle, etc.) permettant aux volailles de se percher, et dont la largeur, hauteur et le matériau peuvent varier en fonction des besoins et des espèces concernées.  Elles peuvent permettre de nicher, dormir, se nourrir, se protéger, faciliter le déplacement (Sirovnik et al., 2018).

L’ancêtre de nos poules domestiques, le Coq sauvage, se perche souvent dans les arbres : cela lui permet d’éviter les prédateurs mais aussi de ne pas être dérangé dans son sommeil (Yngvesson et al., 2018).

C’est aussi le cas pour les poules et poulets domestiques, même dans les élevages où les prédateurs sont absents. Ils restent très attachés à ce comportement : une expérience a montré qu’ils sont prêts à faire l’effort de soulever une porte afin de pouvoir accéder à ce perchage nocturne, ce qui témoigne de leur motivation (Olsson & Keeling., 2002). De plus, ces animaux ont montré des signes de troubles du sommeil et de frustration quand ces perches étaient absentes. La mise en place de perchoirs permet aussi de réduire la densité (Ventura et al., 2012).

Dans les élevages où la concentration d’individus est trop importante, la chaleur de l’infrastructure, associée au manque d’air circulant entre les animaux, créent un stress thermique chez les poules (Zaho et al., 2013). Les perchoirs apporteraient alors de l’espace supplémentaire en hauteur, désencombrerait l’espace au sol, permettant à l’air de circuler (Fiscus le Van et al., 2000). Des perchoirs refroidissants ont aussi été testés par les chercheurs : ils permettraient de diminuer les comportements liés au stress thermique (halètement, abreuvement) (Zaho et al., 2013).

La création d’un espace supplémentaire en hauteur, en réduisant la densité en individus au sol, entraîne également une diminution du risque d’agression (Fiscus le Van et al., 2000, Ventura et al., 2012). De plus, dans les lieux de vie des poules et poulets, il subsiste parfois des espaces non occupés par des enrichissements ou par les mangeoires (Pettit-Riley et al., 2002). Ces espaces vides seraient propices à davantage de comportements agonistiques entre poules qui s’y aventurent. Combler ce vide par des perchoirs permettrait d’éviter un milieu propice aux agressions (Pettit-Riley et al., 2002).

En outre, les animaux ayant accès aux perchoirs seraient moins craintifs que ceux élevés sans (Brake et al., 1994 ; Wichman et al., 2007) : les oiseaux peuvent, au moyen des perchoirs, s’élever du sol et donc échapper aux potentielles agressions (Ribert et al., 2018), ce qui leur confère un sentiment de sécurité (Keeling., 1997, p.62 ; EFSA., 2015 ; Donaldson et al., 2012). Leur peur de l’Homme diminue aussi en présence de perchoirs (Donaldson et al., 2012). Aussi, l’accès à différent types d’enrichissements (perchoirs, copeaux de bois…) permettrait de réduire le stress des poulets face à des stimulations négatives (température froide, changements imprévisibles dans l’utilisation de la lumière, modifications de l’environnement, bruits forts, intrusions fréquentes de l’Homme dans le lieu de vie) et à les rendre plus optimistes vis-à-vis de ces situations stressantes (Ross et al., 2020 ; Zidar et al., 2018).

Pour finir, la forte densité d’individus crée un sol généralement recouvert des fèces, devenant très humide et entraînant des problèmes de peau (dermatite), un plumage endommagé, et des problèmes musculaires dus au manque de mouvement. La possibilité de pouvoir grimper sur un perchoir limiterait le contact avec la litière et donc diminuerait la fréquence des dermatites, et préserverait la propreté du plumage (Ventura et al., 2012 ; Zaho et al., 2013). De plus, cette activité physique solidifierait les os et les muscles, notamment durant la période de développement des individus (Ribert et al., 2018).

Des perchoirs spécifiques pour différentes situations

Malgré tous ces avantages, il reste important de prendre en compte la souche de poulets visée par cet enrichissement. Par exemple, certains poulets sélectionnés pour avoir une croissance très rapide et atteignant une forte corpulence risqueraient de se blesser en essayant de grimper sur une perche, et de passer plus de temps au sol en ne pouvant l’atteindre, tandis qu’une plateforme en hauteur leur serait plus adéquate (Sirovnik et al. ; 2018).

Les perchoirs sont aussi associés à une incidence accrue de fractures du bréchet dues à des collisions avec ces derniers (Stratmann et al., 2015). L’utilisation de perchoirs recouverts d’un matériau mou peut contribuer à diminuer la fréquence de ces fractures. (Stratmann et al., 2015).

Enfin, il semblerait que l’utilisation des perchoirs diminue à mesure que l’âge augmente (Sandilands et al., 2016). Gebhardt-Henrich et al. (2017) ont montré que le pourcentage d’oiseaux perchés la nuit dans leur étude a diminué de 30 % à mesure que les poules vieillissaient. Une difficulté de mouvement due à l’âge a été suggérée. Pour pallier ce problème, il suffirait de fournir des rampes d’accès aux perchoirs (Gebhardt-Henrich et al., 2017).

En conclusion, il est nécessaire de comprendre les comportements de ces animaux, notamment les différences entre les souches de poules et l’âge des individus, pour proposer les enrichissements les plus adaptés (Malchow et al., 2019).

Tiphaine Palazon

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